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4.5/5 (sur 10 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Montemurro , le 09/03/1908
Mort(e) à : Rome , le 31/01/1971
Biographie :

Leonardo Sinisgalli est un poète intéressant dont la conviction d’une convergence entre poésie et mathématiques a été une des inspirations originales ("Furor mathematicus", 1950).

Son premier recueil notable date de 1935 ("18 Poesie"). En 1943 paraît "Vidi le Muse", dont la belle traduction de Jean-Yves Masson nous est proposée par Arfuyen.

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Bibliographie de Leonardo Sinisgalli   (8)Voir plus

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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Leonardo Sinisgalli
Obscur amour…


Tu m’appartiens, obscur amour.
Il n’est pas d’aiguillon plus fort
Que cette satiété. Et la lumière
Promise par l’arbre céleste
Ne peut nous forger d’autre sérénité
Si autour de nous c’est déjà le soir.
Tu couves une nouvelle floraison
Et le ciel est suspect
De cette angoisse qui croit en ton sein.
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Leonardo Sinisgalli
Le même vain halo


Le même vain halo de la robe
Rouge dans la fumée des brumes de jadis,
Le même désarroi, si parmi les arbres mouillés de pluie
Décembre me ramène à ce tournant.
Tu ne viens pas. La peine, elle, ne tarde pas
Le long des murs, une voix
M’appelle, ou ta couleur qui brille
Sous la pluie fine.
(La marchande de fleurs
Crie ses églantines.)
Tu ne viens pas.
La peine, elle, ne tarde pas
Et rend plus doux le bonheur qui t’attend.
(Dans le crépitement de l’eau dans la gouttière,
Une voix bien-aimée…)
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Leonardo Sinisgalli
Depuis combien d’années …



Depuis combien d’années, depuis toujours
Vers la fin du jour
Ton pas revient le long du mur,
Ta main me touche,
Déçue : Leonardo, dis-tu, la bouche
Fermée. Le vent te délivre, légère.
Et moi, je te sens qui t’éloignes
De moi, dans la brise des feuilles.
Ta voix est une caresse
Qui brûle à mesure qu’il se fait tard:
J’ignore où elle me conduit.
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ÉPITAPHE (Le poème est dédié à une petite sœur morte)

Lorsque tu es partie, comme c’est notre usage,
on entassa dans le cercueil les petits objets que tu aimais.
On y plaça ton ombrelle,
car tu t’en allais dans un royaume torride
et on te vêtit de blanc.
Tu étais encore une petite fille,
une petite fille difficile à élever.
Mais tu fus accueillie avec une douceur résignée,
protégée, portée à la lumière
comme mûrit l’épi dans un champ épuisé.
Et moi, ma sœur, je me souviens de tes cris d’oiseau
quand tu t’enfermais pour pleurer dans la galerie
parce que tu voulais aller vivre sur le toit.
Tu n’étais heureuse qu’en te haussant un peu
au-dessus de la terre.

On mit dans le cercueil tes objets les plus chers,
même au creux de ta main une piécette d’or
pour le batelier qui t’accompagnerait
sur l’autre rive. Et nous, nous restâmes ici,
dans la grande maison que tu savais retourner comme un sac.
Pendant quelques jours personne n’eut envie de la
remettre en ordre.
Nous nous rassemblions autour de la cheminée en pensant à ton grand voyage,
à la tristesse de t’envoyer seule en pays inconnu.
La grand-mère était là-bas à nous attendre depuis des années.
Depuis des années aucun de nous n’avait été appelé.
Dans cette immense contrée, dans cette longue quarantaine,
comment avez-vous fait pour vous reconnaître ?

Nous t’avions mis dans le cercueil tes objets les plus chers,
ta petite ombrelle, ton peigne, un petit bouquet de fleurs.
Ma mère te suivait à chaque étape, de la maison
à l’église, de l’église au cimetière.
Elle donnait asile dans sa chambre à chaque papillon et tint pendant longtemps la maison ouverte
dans l’espoir de te voir revenir.

Un jour une femme vint frapper à la porte
nous dire qu’elle avait rêvé de toi.
La femme avait une enfant malade, ta compagne,
et tu l’avais visitée.
Tu parlais en rêve à cette femme, tu lui demandais quelque chose
qu’elle ne savait pas, qu’elle n’entendait pas en rêve,
et tu parlais et semblais demander une chose
qu’on avait oubliée dans le désarroi de la séparation.
Ma mère fouilla dans tes papiers,
elle resta longtemps à chercher tes cahiers l’un après l’autre.

Nous regardâmes pour la dernière fois,
ta tendre écriture, ton nom fragile
écrit de ta petite main.
On lia d’un ruban blanc tes cahiers
que nous avions oubliés. La petite fille te les porterait.
Nous les plaçâmes dans le cercueil
De la compagne que tu avais préférée.
Elle aussi s’en alla vêtue de blanc
Dans le royaume torride d’où personne n’est jamais retourné.
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La voiture fut rangée le long de la haie. J’offris le bras à ma mère et nous gravîmes la pente douce jusqu’à la grille. Avant d’entrer, nous nous retournâmes tous deux pour voir la vallée de l’Agri du haut de ce merveilleux belvédère. Ma mère me dit de chercher, du côté du bourg, notre maison. En regardant l’un après l’autre les balcons, je reconnus le nôtre. « Tu as encore une bonne vue, me dit-elle. Moi, là-bas, je ne vois plus qu’une ligne blanche. » Puis elle me demanda de regarder plus loin, vers le clocher de Saint-Jacques, au bord du ravin, au-dessus des fours à chaux. « Tu vois le petit arbre rond ? C’est un pin solitaire. ― Oui, lui dis-je. Environ à trois kilomètres à vol d’oiseau. ― C’est ça. Un peu plus loin, tu vois un bouquet d’arbres, là d’où part la pente qui mène au fleuve ? Ce sont nos chênes. Derrière, c’est notre nouvelle vigne. Nous l’avons plantée l’année où ton père a fait construire une bastide où parfois même il passe la nuit. De cette colline, on domine toute la vallée », disait ma mère qui, désormais, ne parvenait plus à rien distinguer, ni les châteaux des villages d’alentour, ni le tracé rond d’une bergerie, ni les crêtes de l’Apennin à l’horizon. « Notre tombe se voit de partout », continuait ma mère, tandis que nous suivions déjà l’allée. « Ce n’est pas un cimetière ici, c’est le paradis », lui dis-je. Nous marchions entre les hautes rangées de vignes, et des arbres fruitiers étaient plantés çà et là sur les terrains vacants. L’automne était avancé mais les feuilles n’étaient pas encore toutes tombées sur la colline. Les coings, couleur de soufre, se détachaient sur le ciel gris, les coings qui sont le fruit du sommeil ; si gonflés et d’une couleur irréelle, presque saturnienne, les coings longs à mûrir, comme le sommeil est long à venir, et qui absorbent de la terre un suc amer, intense, l’humeur puissante de la terre adulte. J’aimais me retrouver, me promenant avec ma mère dans les allées de ce jardin merveilleux où j’étais sûr de retourner un jour, sans poids et sans peine, dormir pour toujours d’un très beau sommeil. En quelque lieu que m’atteigne la foudre, j’étais sûr que mes morts obscurs me rappelleraient à eux, et que je reviendrais me reposer pour l’éternité avec les miens dans cette tombe. Ma mère tira la clef de sa poche et ouvrit. C’était un enclos très étroit. Il me semblait impossible qu’il pût nous contenir tous. Il y avait déjà les grands-parents, il y avait ma sœur.
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Leonardo Sinisgalli
Je suis à cette rive …



Je suis à cette rive et il m’appelle,
Le son du jour que je rompis
A coups de pierres. La neuve lumière est ouverte
Sur la terre que je foule
Et rien encore n’est plus jeune
Que mes os. L’été brûle
Sur les éteules. Sans bruit
Au-dedans de mon corps s’effrite
Ce feu.
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Leonardo Sinisgalli
« Sa particularité, dans le paysage littéraire italien de son époque, est triple :• D’abord, c’est un poète du Sud « non sicilien », si l’on peut dire, et la source de son œuvre se trouve dans les paysages de son enfance en Basilicate, l’ancienne « Lucanie » qui fut la patrie d’Horace : une partie de ses efforts ont été consacrés à cette identité d’« Italien du Sud » (dont il prit conscience en allant travailler au Nord) en référence à la Grande Grèce, et à l’ancrer dans la culture européenne par double référence à l’héritage grec (il traduisit des poètes de l’Anthologie palatine) et latin (la référence à Virgile, essentiellement, qu’il partage avec le jeune Luzi).• Ensuite, par sa formation, c’est un scientifique, un ingénieur : une partie de ses textes en prose est consacrée à réfléchir sur les liens entre la poésie et la science en des termes dont l’originalité n’a pas encore été suffisamment reconnue (Horror Vacui, Furor mathematicus, Quaderno di geometria). Il fut notamment l’éditeur de l’importante revue Civiltà delle macchine, qui contribua à décrire l’apport de la technique comme source d’inspiration pour la poésie, dans une étroite proximité avec Léonard de Vinci ; c’est probablement dans ce goût pour les convergences entre poésie et démarche scientifique qu’il faut chercher l’une des raisons de son intérêt pour Valéry.• Enfin, Sinisgalli fut l’un des grands critiques d’art de son temps, et, au cours de sa carrière professionnelle dans de grandes entreprises italiennes, il contribua de façon notable à faire connaître les « stylistes » (Bruno Munari notamment) qui, en Italie, ont renouvelé la publicité, le design, l’architecture d’intérieur, la typographie et les maquettes éditoriales dans les années 50 et 60 ; cette histoire reste largement à écrire, quoique plusieurs expositions aient déjà été consacrées à faire connaître l’action de Sinisgalli dans ces domaines. Parallèlement, il fut collectionneur et ami des peintres de son temps. »Jean-Yves Masson.
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Quai du Tibre

Aujourd’hui personne ne sait
En quel sens coule le temps.
Un homme est couché près d’un chien
qui lui mord l’oreille. Un homme
nu, le visage couvert
D’un chiffon écarlate.
Le chien le mordille comme s’il était mort.
L’homme gît le dos sur le gravier
du matin désert.
Les gens passent, il leur semble
que la ville a un autre goût.
Mais personne ne sait au juste
en quel sens coule le temps.
Au bord de l’eau tournent deux roues,
Elles tournent à vide. Pas un poisson,
Ni un papillon dans les filets.
Le chien aboie :
temps de paix ou temps de guerre
on voit reverdir la terre.
A grand peine tournent les roues,
Si lentement coule le fleuve.
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Ennui militaire

Comme tu es malin dans ton attente
Patiente. Tu flaires
La terre qui fume, la vie
Qu'une cigarette consume
Lentement, rien d'autre.

La douceur têtue de tes années
L'avril dénudé, un corbeau
Immobile sur la guérite,
Et les lettres qu'on écrit tard le soir.
Peut-être que la vie est belle...
Dans cet enfer, là, au fond de la rue,
De la pluie, de l'ennui, dans cette odeur
De charbon de bois dans le hangar
Où se trouve la forge noire.

Un tendre abîme s'ouvrant à mes côtés,
Presque sous mes pieds, une étoile
Fondit en larmes et tomba.
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L'ami trahi m'appelle
Du fond de mon coeur, et s'approche
Je l'entends monter, dans mon sommeil
Je crie au premier pas qu'il fait
Pourquoi me piétines-tu ?
Puis il s'endort, léger, sur ma poitrine.
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