Citation de lanard
M. Lavoyer désigna du doigt un épais dossier sur le bureau.
- Avez-vous le résumé de l'affaire?
M. Lavoyer ouvrit le dossier, en sortit deux feuilles de papier couvertes d'une petite écriture soignée, et les tendit à M. Gisquet.
- C'est vraiment un plaisir de travailler avec vous. Tout est en ordre.
Le visage de pierre n'eut aucune réaction.
- Si vous me le lisiez tout haut?
M. Lavoyer s'empara des papiers. Il avait de longs doigts fins, mais robustes et avides. Il lut d'une voix rapide et monocorde:
- "Évariste Galois: Résumé. Né à Bourg-la-Reine, 25 octobre 1811, d'un père libéral à sympathies républicaines, maire de Bourg-la-Reine, qui n'entra jamais dans les conspirations politiques. Mère ambitieuse, vigoureuse, un peu bizarre. Une sœur de vingt-quatre ans, un jeune frère de dix-sept. Ni l'un ni l'autre ne font de politique. Le père se suicide en 1829. Ses funérailles sont l'objet d'une bagarre entre citoyens de Bourg-la-Reine, au cours de laquelle le prêtre de la paroisse est atteint par une pierre. Évariste Galois fut l'un des instigateurs de cette bagarre.
" A échoué deux fois au concours d'entrée de l’École Polytechnique. Entre à l’École Normale. N'a pas pris part à la Révolution de Juillet mais lutte contre le directeur, M. Guigniault, qui refuse de laisser sortir ses élèves de l’École. Exclu de l’École Normale le 4 janvier 1831.
" En août 1830, devient membre de la Société des Amis du Peuple. Lors d'une réunion publique de cette société, le 17 septembre 1830, a essayé de soulever l'assistance par un violent discours et en criant: "Mort aux ministres". S'enrôle dans l'artillerie de la Garde Nationale et passe les nuits des 21 et 22 décembre 1830 dans la cour du Louvre, à essayer de convaincre les artilleurs de livrer leurs canons à la populace. A pris part à presque tous les soulèvements et troubles de Paris.
"Le 9 mai 1831, au banquet républicain qui se tenait aux "Vendanges de Bourgogne", a porté, un poignard à la main, un toast: "A Louis-Philippe". A fait jusqu'au 15 juin de la prison préventive à Sainte-Pélagie. Est acquitté le 15 juin par la Cour d'Assise où il attaque avec violence le gouvernement. Prétend que son toast fut: "A Louis-Philippe, s'il trahit". Prétend avoir voulu soit tuer le roi lui-même, soit pousser d'autres personnes à se geste au cas où le roi trahirait. Prétend que le roi trahira probablement s'il ne l'a déjà fait.
"Caractère: dans ses discours, tantôt calme et ironique, tantôt passionné et violent. Serait un génie mathématique bien que non reconnu par les mathématiciens. Fait des cours dans la librairie de Caillot, 5, rue de la Sorbonne. Ne s'est pas servi des cours à des fins de propagande républicaine. C'est l'un des républicains les plus farouches. Très courageux, extrémiste, fanatique. Pas de relations féminines. Peut être des plus dangereux à cause de son audace. Peut avoir une grande influence sur le peuple à cause de son fanatisme et de son habileté à forger des mots d'ordre. Facile à aborder pour nos hommes car fait généralement confiance aux gens et ne connaît rien à la vie."
M. Lavoyer avait fini; il replaça soigneusement les feuillets dans le dossier.
- Avez-vous le résumé de l'affaire?
M. Lavoyer ouvrit le dossier, en sortit deux feuilles de papier couvertes d'une petite écriture soignée, et les tendit à M. Gisquet.
- C'est vraiment un plaisir de travailler avec vous. Tout est en ordre.
Le visage de pierre n'eut aucune réaction.
- Si vous me le lisiez tout haut?
M. Lavoyer s'empara des papiers. Il avait de longs doigts fins, mais robustes et avides. Il lut d'une voix rapide et monocorde:
- "Évariste Galois: Résumé. Né à Bourg-la-Reine, 25 octobre 1811, d'un père libéral à sympathies républicaines, maire de Bourg-la-Reine, qui n'entra jamais dans les conspirations politiques. Mère ambitieuse, vigoureuse, un peu bizarre. Une sœur de vingt-quatre ans, un jeune frère de dix-sept. Ni l'un ni l'autre ne font de politique. Le père se suicide en 1829. Ses funérailles sont l'objet d'une bagarre entre citoyens de Bourg-la-Reine, au cours de laquelle le prêtre de la paroisse est atteint par une pierre. Évariste Galois fut l'un des instigateurs de cette bagarre.
" A échoué deux fois au concours d'entrée de l’École Polytechnique. Entre à l’École Normale. N'a pas pris part à la Révolution de Juillet mais lutte contre le directeur, M. Guigniault, qui refuse de laisser sortir ses élèves de l’École. Exclu de l’École Normale le 4 janvier 1831.
" En août 1830, devient membre de la Société des Amis du Peuple. Lors d'une réunion publique de cette société, le 17 septembre 1830, a essayé de soulever l'assistance par un violent discours et en criant: "Mort aux ministres". S'enrôle dans l'artillerie de la Garde Nationale et passe les nuits des 21 et 22 décembre 1830 dans la cour du Louvre, à essayer de convaincre les artilleurs de livrer leurs canons à la populace. A pris part à presque tous les soulèvements et troubles de Paris.
"Le 9 mai 1831, au banquet républicain qui se tenait aux "Vendanges de Bourgogne", a porté, un poignard à la main, un toast: "A Louis-Philippe". A fait jusqu'au 15 juin de la prison préventive à Sainte-Pélagie. Est acquitté le 15 juin par la Cour d'Assise où il attaque avec violence le gouvernement. Prétend que son toast fut: "A Louis-Philippe, s'il trahit". Prétend avoir voulu soit tuer le roi lui-même, soit pousser d'autres personnes à se geste au cas où le roi trahirait. Prétend que le roi trahira probablement s'il ne l'a déjà fait.
"Caractère: dans ses discours, tantôt calme et ironique, tantôt passionné et violent. Serait un génie mathématique bien que non reconnu par les mathématiciens. Fait des cours dans la librairie de Caillot, 5, rue de la Sorbonne. Ne s'est pas servi des cours à des fins de propagande républicaine. C'est l'un des républicains les plus farouches. Très courageux, extrémiste, fanatique. Pas de relations féminines. Peut être des plus dangereux à cause de son audace. Peut avoir une grande influence sur le peuple à cause de son fanatisme et de son habileté à forger des mots d'ordre. Facile à aborder pour nos hommes car fait généralement confiance aux gens et ne connaît rien à la vie."
M. Lavoyer avait fini; il replaça soigneusement les feuillets dans le dossier.
