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Citation de ChouettedeMinerve


A bout de souffle, la République ne faisait plus recette. Entre un show-biz coupé du monde, un gouvernement d'ombres chinoises et des sans-culottes désorganisés, cette pièce de théâtre ne pouvait finir que de façon grotesque. Les islamistes devaient bien rire de nos échauffourées. Aucune tête ne tomberait entre nous. L'esprit de 1793 était du côté des barbus. Nous, Français, étions trop civilisés, ou ramollis, pour ressortir les guillotines. Il ne nous restait que la pantomime. Le 5 janvier 2019, montés sur un engin de chantier, des Gaulois réfractaires ont enfoncé le portail en bois de l'hôtel de Rothelin-Charolais, beau bâtiment du XVIIIème siècle classé monument historique et situé au 101, rue de Grenelle. Lors de leur procès, un an plus tard, les intrus assureraient qu'ils s'amusaient "comme des enfants sur un manège" et qu'ils ignoraient que dans cet hôtel travaillait un certain Benjamin Griveaux, que l'on a déjà oublié.
Pilier de la Macronie, ce Griveaux était alors porte-parole du gouvernement. C'était un homme très attaché à sa vie privée, qui de lui-même n'aurait jamais rien laissé filtrer de son intimité. Il n'aimait pas qu'on le dérange pendant ses heures de bureau.
Comment a-t-il réagi lors du casse ? Son service de sécurité l'a exfiltré par les jardins, et il est parti se réfugier à Matignon. Quand le peuple était venu chercher Marie-Antoinette à Versailles le 6 octobre 1789, elle n'avait pas emprunté une porte dérobée : elle s'était présentée au balcon. C'est ce qu'on appelle la dignité. Mais Griveaux n'avait pas de sang Habsbourg, il n'avait que du sang Griveaux, et dans le sang Griveaux coule la frousse. Interrogée peu après les faits, au bord des larmes, cette poule mouillée a déclaré, toute honte bue : "Ce n'est pas moi qui ai été attaqué, c'est la République !" Sérieusement ? Sérieusement. Il devait se croire à l'opéra... Aurait-il pu nous dire, en développant un peu, ce qu'était, pour lui, la République ? Les ambitieux qui grenouillent sous les ors de la République auraient préféré servir la Monarchie ou l'Empire, et c'est l'un des traits les plus amusants de nos hommes politiques que de les voir s'extasier sur la République alors qu'il est très clair qu'ils n'en croient pas un mot.

Chapitre 8, Les valeurs républicaines, p125-126.
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