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Citation de enkidu_


Il est donc impossible de prendre au pied de la lettre la théorie trop répandue de pro-aryens (...) elle nie naturellement l'authenticité du mysticisme islamique, elle en fait une des formes de la réaction raciale, linguistique et nationale des peuples aryens conquis par l'Islam arabe, spécialement des Iraniens.
(...)
Le shi'isme, qu'on nous présente comme une hérésie islamique spécifiquement « persane », a été propagé en Perse par des colons de pure race arabe, venus de Koufah à Qomm(1) ; et les Kurdes et Afghans, purs iraniens de race, sont toujours restés anti-shi'ites. Les listes qu'on a dressées des grands penseurs musulmans « d'origine persane », parce que leur nisbah réfère à une ville située en Perse ne sont qu'un trompe-l'œil(2) ; la plupart n'ont pensé et écrit qu'en arabe, et, qu'ils fussent fils de colons arabes ou clients (mawâlî), ne se différenciaient pas plus du monde islamique que Lucain de Cordoue ou Augustin de Thagasle du monde romain. Bien des « survivances mazdéennes » infiltrées dans l'Islam « par des conspirateurs » ont été imaginées par des hérésiographes échauffés(3), et le « Shâhnamé » de Firdoûsî, célébré comme le bréviaire de ce nationalisme(4) iranien, témoigne surtout d'un enthousiasme « archéologique » presque aussi désintéressé que le « patriotisme troyen » de Virgile écrivant l' « Enéide ».
(...)
Bien loin d'altérer la pureté de l'Islam primitif, ces Persans ont poussé plus loin que personne l'abnégation dans le sacrifice de leurs tendances personnelles pour sauvegarder l'universalisme de leur croyance. Et il serait un peu présomptueux de prétendre qu'ils n'y auraient pas réussi.

(1) Goldziher, Vorlesungen, trad. fr., p. 293, n. 125.

(2) Les pantouraniens, récemment, ont surenchéri, revendiquant Fârâbî, ibn Sinâ, Bokhiârî et Zamakhsharî comme des gloires nationales tartares... Les sho'oûbiyah de jadis ne parlaient, eux, que d'égalité.

(3) Baghdâdî.

(4) De prétendus « nationalistes » comme Ibn al Moqaffa', Roudaguî, Miskawayh, Hasan Sabbâh, ont laissé des œuvres pénétrées d'un esprit universaliste, soit hellénistique, soit qarmate. Même un nationaliste type, comme le poète Mihyâr Daylamî, écrit cette fin de vers caractéristique : « soûdad al Fors wa dîn al 'Arab », [Nous nous sommes emparés de la gloire des deux côtés] « titres de noblesse des Perses (en ce monde), et religion des Arabes (pour l'autre vie) ! » (pp. 46-48)
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