Reçu grâce au site Babelio et les éditions L’Echappée belle, ce petit recueil de poésies concerne un auteur suisse malheureusement décédé en 2016. Aussitôt celui-ci arrivé par la poste, je l’ai déballé et ai commencé la lecture sans attendre, souhaitant trouver dans ce genre un peu désuet pour moi, matière à compléter mon goût pour la lecture des beaux mots.
Luc-André Rey est défini comme un poète de rue, un passeur à travers le monde, dedans-dehors soi-même, indiscernable, anonyme qui aurait aimé publié ses textes sans les signer… Il confesse volontiers avoir voulu être poète. Il n’aime pas parler de lui ni se donner de biographie. Il parle de lui comme d’un autre, allant jusqu’à l’effacement de sa propre personne. Cette personnalité tourmentée explique une poésie dans laquelle il est présent sans l’être, fantôme ou mirage, pile et face d’une même pièce, mais quelle pièce ? Et pour qui, et par qui ?
Ses poèmes en deviennent déroutants à force d’obscurité voilée et indicible. Les mots arrivent, se cognent et s’entrechoquent parfois sans logique signifiante reconnaissable et sans logique sémantique et grammaticale. Tout est affaire de sensations, d’éphémère et de beaucoup de désespoir. Les lueurs de beauté émergent brièvement de l’ensemble pour retomber dans l’anonymat de l’ensemble.
Le choix du titre n’est d’ailleurs pas innocent. Les palimpsestes sont ces feuilles de parchemin qui, au Moyen-âge, étaient utilisées plusieurs fois, en couches successives. Retrouver ce qui apparaît presque en filigrane derrière le texte le plus récent a permis de révéler des trésors cachés. Mais la plupart du temps, les bribes visibles ne laissent imaginer qu’un advenu échoué et parcellaire. Ce recueil de poésie est ainsi. Des mots apparaissent et forment ou pas un sens, une magie qui porte à l’émotion, ou à la plus complète expectative.
Autant le dire, ses poèmes m’apparaissent de fait souvent absconds et incompréhensibles. Il y a parfois du Villon dans la mesure où la langue moyenâgeuse nous échappe parfois mais peut nous émouvoir par son rythme et sa force… Mais Rey utilise un vocabulaire bien actuel et même élémentaire compréhensible par tous.
Faut-il être initié pour ressentir la force de ces mots ? J’en doute car malgré tout, certains mots sont de pure grâce (mais bien trop rares). Son long poème hommage à son grand-père est poignant, c’est celui que je retiendrai. Quant au reste, il me fait penser à l’Art dit Moderne, complètement décomplexé, mais qui nécessite plusieurs pages d’exégèse pour enfin comprendre le sens de l’œuvre au risque de faire passer le public pour un troupeau de pauvres ânes incompétents !
Michelangelo 2017
Lien :
http://jaimelireetecrire.ove..