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Citation de VincentGloeckler


Plus tard, en collant un post-it sur la bonbonnière ovoïde en porcelaine de Limoges, ornée de motifs floraux, des roses, oui des roses, Odile se répéta qu'elle s'était trompée. Elle aimait ces objets. Tous. Cette bonbonnière, par exemple, Christian adorait la prendre délicatement dans ses deux mains, comme ça, et la masser tel un crâne frêle, endolori. Avec cette bonbonnière, lorsque Pierre était petit, Christian avait improvisé pour lui tout un spectacle. il lui faisait jouer plusieurs rôles, en lui attribuant des voix différentes. Il s'agissait de distraire le petit garçon des lancinements d'une piqûre. Un vaccin, se rappela-t-elle. La bonbonnière aimantait les images passées, les restituait avec une extraordinaire finesse de grain, et pas seulement les images, les sons, les couleurs, le parfum sucré de l'orage couvant au jardin, la stridence du téléphone, les copines téléphonaient beaucoup en ce temps-là, les escaliers étaient dévalés, grimpés quatre à quatre par des jambes sans varices, dociles, impatientes. odile s'était trompée aussi sur la qualité de ces moments avec les enfants. La douleur et la mort l'avaient fourvoyée. Les plis du temps conservaient de riches poussières, de glorieux débris, dorés, des pétales séchés mais encore magnifiques, dévoilant leur transparence. Les reflets, dans la bonbonnière, étaient bien ceux du bonheur. Elle comprit qu'il lui avait été plus facile de le nier, ce bonheur, de le forclore, que d'accepter l'abominable transmutation des enfants. Non, les objets n'étaient pas coupables.
(pp.251-252)
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