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Citation de Lilou08


José, mon oncle, le frère de Montse, est un rouge, ou plutôt un rouge et noir.
Depuis que sa sœur lui a rapporté sa visite chez les Burgos, il ne décolère pas. Les rouges en 36 ne décolèrent pas. Encore moins les rouges et noirs.
José considère que sa sœur a été offensée. L’Espagne de 36 regorge d’offensés.
Elle a l’air bien modeste ! Elle a l’air bien modeste ! Mais pour qui il se prend ce cabrón ! Il va le regretter ce sinvergüenza ! On va la lui faire avaler sa putain de phrase dégueulasse ! On va lui faire fermer la gueule à ce burgués !
Depuis son retour de Lérima, José n’est plus le même. Il a dans le regard le reflet de visions inouïes, ineffables, et à la bouche des mots d’un autre monde qui font dire à sa mère On m’a changé mon fils.
Chaque année, entre la récolte des amandes au mois de mai et celle des noisettes en septembre, José s’en va faire les foins en tant que saisonnier dans une grosse propriété des environs de Lérima, pour un labeur qui dépasse ses forces et un salaire dérisoire mais qu’il est fier d’offrir à ses parents.
Depuis l’âge de quatorze ans, ses journées se consument en travaux des champs qui commencent à l’aube et ne prennent fin qu’à la tombée du jour. Sa vie est réglée de la sorte. Et il ne songe pas un seul instant à la remettre en cause, et il ne songe pas un seul instant qu’il soit possible de vivre autrement.
Mais cette année-là, lorsqu’il arrive à Lérima accompagné de Juan, il trouve une ville qui a chaviré jusqu’au vertige, morale culbutée, terres mises en commun, églises transformées en coopératives, cafés bruissant de slogans, et sur tous les visages une allégresse, une ferveur, un enthousiasme qu’il n’oubliera jamais.
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