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Critiques de Lydie Servan (8)
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Et Merville déclara...

Je poursuis ma découverte des enquêteurs récurrents de la littérature fasciculaire avec, aujourd’hui, le commissaire Henri Merville, un personnage dont je trouve la première trace en 1948 dans le titre « Quatre coups de chevrotines » dans la collection de fascicules de 32 puis 64 pages « Double-Six » chez Nord-éditions.



Celle-ci regroupe une cinquantaine de titres de différents auteurs dont les premiers sont écrits par George Fronval.



Dans cette collection, on retrouve des textes signés Luc Vattier et Louis Hellais mettant en scène le commissaire Merville, un personnage que l’on retrouvera dans quatre titres de la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi, tous signés Lydie Servan.



Quant à l’auteur, à part avancer que Lydie Servan, Luc Vattier et Louis Hellais appartenant à la même personne, que celle-ci se fait appeler également Lyna Claude, pas grand-chose, donc à se mettre sous la dent.



J’ai trouvé trace d’au moins 9 titres mettant en scène le personnage d’Henry Merville.



« Et Merville déclara… » est initialement paru sous la forme d’un fascicule de 64 pages dans la collection « Double-six » en 1948. Il est signé L. Hellais.



Alors que le commissaire Merville visite une usine d’appareils pour la radio et le cinéma en compagnie du directeur de l’usine Laffont, un des contremaîtres débarque affolé annonçant que Nicklaus, un jeune ingénieur de talent, vient de décéder brutalement.



Alors que Laffont veut rendre un dernier hommage à son ami mort, selon lui, d’un arrêt cardiaque, Merville demande de laisser le corps sans le toucher et va appeler le Parquet pour qu’une enquête soit menée.



Avec l’appareil judiciaire débarquent les journalistes cherchant à savoir s’il y a meurtre.



Merville leur répond par l’affirmative, leur donnant rendez-vous le surlendemain sur place où il leur révélera le nom de l’assassin…



Que dire de ce récit policier ?



Déjà, qu’il est bien court pour un fascicule de 64 pages. À peine plus de 13 400 mots là où la plupart de ces fascicules proposent des textes de plus de 70 000 mots.



La seconde chose que l’on remarque est le changement de mentalité qui s’est opéré dans la Société (enfin, chez les plus civilisés) depuis la sortie de ce livre.



C’est un constat que l’on peut faire sur nombre de récits de l’époque, mais la plupart du temps, c’est fonction de la vision de la femme très archaïque, patriarcale et machiste ou, plus souvent à la vision de l’étranger qui sont toujours présentés très péjorativement et appelés de petits noms détestables que l’on n’utilise plus de nos jours.



Ici, ce n’est ni la femme ni l’étranger qui est tancé, mais l’homosexuel, présenté comme un déviant qui dégoûte le héros et qui est forcément coupable.



Mis à part cela, on notera également que le personnage principal est un petit peu plus étoffé que dans la plupart des fascicules de ce format, notamment à travers sa relation avec son épouse.



Le couple policier, auteur de romans policiers (car la femme est écrivain) n’est pas forcément nouveau dans la littérature populaire de l’époque puisqu’on peut le retrouver quelques années auparavant (1946) chez Yann Le Cœur et son commissaire Martial Le Venn et sa femme.



L’auteur, malgré quelques répétitions dont on se passerait volontiers (et qui auraient facilement pu être supprimées avec une petite relecture), parvient à instiller une certaine ambiance à travers une plume pas désagréable sans pour autant transcender la littérature, ni le genre, ni même le format.



On regrettera que l’intrigue soit si simple (pour ne pas dire simpliste) et que l’auteur, à travers l’attitude de son héros, dénonce le coupable dès les premières lignes et ce même avant que le crime ne soit commis. De même, la résolution du crime est trop simple même pour un fascicule de ce format.



Il est à noter que ce récit servira de base à une réécriture permettant d’allonger le texte pour lui permettre d’intégrer la collection « Le Verrou », sous la forme d’un roman de 100 pages intitulé « Rendez-vous à dix-neuf heures » et signé, cette fois-ci, Lydie Servan.



Au final, un récit policier qui a pour principal défaut sa vision rétrograde qui permet de démontrer l’évolution positive de la Société, mais qui a aussi des qualités comme des personnages mieux esquissés que d’ordinaire et une plume pas désagréable.
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Le mort de la vingtième heure

Je poursuis mon inlassable quête de personnages d’investigateurs récurrents de la littérature populaire avec la carrière du commissaire Henri Merville de Lydie Servan.



Le personnage, je l’ai déjà croisé dans quelques-unes des enquêtes qu’il mena entre 1948 et 1955, que ce soient celles en format 64 pages de la collection « Double-Six » chez Nord-Éditions, sous des titres signés de pseudonymes de l’auteur : Louis Hellais et Luc Vattier ou bien sous le format 96 pages de la collection « Le Verrou » chez Ferenczi, ceux-ci étant tous signés Lydie Servan.



En tout, on approche une dizaine de titres dont certains sont des textes précédents réécrits et rallongés par l’auteur.



Quant à Lydie Servan, je vous ai déjà dit le peu que j’en savais, c’est-à-dire quelques-uns de ses pseudonymes et sa période d’activité.



« Le mort de la vingtième heure » a été initialement publié en 1953 sous la forme d’un fascicule de 96 pages dans la collection « Le Verrou » aux éditions Ferenczi.



Le vieux Thévenot a été abattu, le soir, chez lui, d’une balle dans la tête.



Le commissaire Henri Merville, chargé de l’affaire, peine à trouver des indices jusqu’à ce que le testament du défunt lui apporte un suspect, son héritier, qui n’est autre que Plassard, un journaliste ami du policier et surtout de sa femme Hélène.



On retrouve donc le commissaire Henri Merville encore plus proche de son épouse journaliste et écrivain de romans policiers, Hélène. Proches même si une tension va naître du fait qu’un très bon ami et collègue de travail d’Hélène va être suspecté et mis sur le grill par le commissaire Merville. Surtout que le suspect refuse de livrer son alibi pour la nuit du meurtre.



Lydie Servan nous propose donc des personnages un peu plus fouillés que de coutume, puisqu’on les découvre un petit peu dans leur intimité, du moins dans leurs chamailleries en ce qui concerne Henri et Hélène Merville.



Cette friction sur fond de fausse jalousie ajoute une touche d’humour et de légèreté au récit pendant que l’intrigue se déroule sur des notes bien plus sombres.



Une nouvelle fois, Lydie Servan parvient à instiller une certaine ambiance à son récit, tant par la qualité de sa plume que par le développement de ses personnages principaux dont les lecteurs suivent un peu les ressentis.



Certes, ce dernier point est plutôt inhabituel dans les récits fasciculaires, mais n’oublions pas que le format des titres de la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi s’apparentent plus à des petits romans, par la forme et par la taille du texte (ici, un peu plus de 28 000 mots) que de véritables fascicules.



Aussi, avec plus de latitude, il est plus aisé de développer ses personnages.



Mais la force de Lydie Servan, dans cet épisode et dans d’autres, elle la tire probablement de son habitude d’écrire des récits sentimentaux plus que des récits policiers, et de parvenir à mêler le meilleur des deux genres, en ne délaissant jamais ni son intrigue ni ses personnages…



Bien évidemment, l’intrigue ne vole pas non plus haut dans les sphères les plus hautes, mais elle comprends quelques rebondissements et fait le job à condition qu’on la replace dans le monde de la littérature populaire quasi fasciculaire.



Au final, un très bon moment de lecture grâce au talent de l’énigmatique auteur Lydie Servan.

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Auto-stop

Le commissaire Henry Merville est un personnage récurrent né de la plume de Luc Vattier, mais également mis en scène par Louis Hellais et Lydie Servan, autant de pseudonymes du même énigmatique auteur qui signa également certains textes Lyna Claude.



À part ces pseudonymes, tout ce que l’on sait de l’auteur, c’est sa période d’activité (de la moitié des années 1940 à la moitié des années 1950) et qu’il ou elle (on dira « elle ») écrivait principalement dans les genres policier et sentimental.



Le commissaire Merville, quant à lui, est un personnage qui apparaît dans presque une dizaine de titres dont au moins un est une réécriture d’un texte précédent mettant déjà en scène le personnage.



Il apparaît en 1948 (peut-être avant, je n’ai pas tous les titres de l’auteur) dans la collection « Double-Six » de Nord-éditions, dans des fascicules de 64 pages.



On le retrouve à partir de 1953 dans la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi, dans des livres de 96 pages…



« Auto-stop » est un de ces titres.



Dans celui-ci, Henri Merville est encore inspecteur, un tout jeune inspecteur, même.



Près d’un village de Sologne, le marquis de Garde-Brieux se meurt dans son château. Sa fille demeure à son chevet tandis que son fils, lui, vadrouille à droite à gauche.



Mais la jeune femme est bientôt rejointe par un fils né d’un précédent mariage débarquant tout droit d’Amérique pour assister au dernier souffle de son père.



Quelques jours plus tard, un corps est retrouvé dans l’étang du Chêne non loin de là, justifiant l’arrivée de Paris de l’inspecteur Henri Merville.



Sur place, le policier doit faire face à la réticence des autochtones, au manque d’indice, aux affabulations de l’idiot du village, à la rage du fils du marquis, à la romance s’installant entre la fille du marquis et son demi-frère d’Amérique…



Je retrouve donc avec plaisir le commissaire Merville, encore inspecteur dans cette histoire, dans un récit un peu plus long que les précédents.



Effectivement, la collection « Le Verrou » propose des textes d’environ 30 000 mots là où la collection « Double-Six » propose des récits d’environ 12 000 mots.



Du coup, avec près de trois fois plus de place, l’auteur, qui parvenait déjà dans les récits plus concis à instiller une ambiance, réussit à poser un peu plus ses personnages, sa plume, et l’atmosphère de son récit, ce qui augmente considérablement le plaisir de lecture.



Pourtant, on pourrait regretter que l’auteur n’ait pas eu plus d’ambition pour son intrigue qui, si elle se veut un peu complexe, demeure relativement simple, si simple qu’un lecteur averti du genre policier aura deviné le rebondissement très tôt dans l’histoire (beaucoup plus tôt que le policier) et, du fait, aura tout compris avant l’enquêteur.



Dommage.



Dommage, car c’est là à peu près le seul défaut de ce très court roman.



Mais, peut-être que l’intrigue transparente pour les lecteurs de l’époque.



Effectivement, au niveau ambiance, on y est. Que ce soit les paysans retors, l’idiot du village, le fils du marquis hautain et détestable, le braconnier, le garde forestier… les clichés sur l’Amérique…



Les personnages sont donc caricaturaux à souhait, juste ce qu’il faut, juste ce à quoi le lecteur s’attend et ce dont il a besoin...



Quant à la plume, on constate qu’elle s’épanouit avec le nombre de pages.



En effet, ce petit roman se lit très agréablement, encore plus agréablement que les fascicules qui, déjà, étaient plaisants à lire.



Au final, ce petit roman policier s’avère de très bonne facture. Du coup, on en redemande et cela tombe bien, car il y en a encore…
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Quatre coups de chevrotines

Je poursuis ma découverte des enquêtes du commissaire Henri Merville, un personnage né de la plume de l’énigmatique auteur de littérature populaire Lydie Servan…



Le personnage semble apparaître en 1948 dans la collection « Double-six » chez Nord-éditions dans des fascicules de 64 pages signés soit Luc Vattier, soit L. Hellais.



On le retrouve à partir de 1953 dans la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi dans des fascicules, cette fois-ci, de 96 pages et signé Lydie Servan.



De l’auteur, on ne sait rien si ce n’est sa période de production et certains de ses pseudonymes, dont ceux cités et Lyna Claude.



« Quatre coups de chevrotines » est paru en 1948 dans la collection « Double-Six » et, s’il n’est pas le premier titre paru semble conter la toute première enquête d’Henri Merville alors encore un jeune inspecteur…



L’inspecteur Henri Merville, tout juste sorti de l’école de police, est muté dans une petite commune du Var où il ne se passe rien…



Quand un homme est découvert mort d’un coup de chevrotines, Merville, d’abord ravi de tenir enfin une enquête à sa mesure, va vite déchanter devant le peu d’indices à sa disposition.



L’enquête patauge et le dossier est presque oublié quand un autre homme est retrouvé tué d’un coup de chevrotines tirées par une arme similaire. Dans les deux cas, l’assassin a volé l’argent et la montre de sa victime…



Bien que ce titre ne soit pas le premier édité mettant en scène le personnage (on le trouvait déjà dans « L’assassin tombe à dix-neuf heures » paru quelques mois plus tôt, il semble tout de même conter la toute première enquête de Merville.



Le procédé de narration utilisé est fort simple et très courant : faire raconter par le héros une de ses anciennes enquêtes.



D’ailleurs, le titre débute en mettant en scène un repas chez les Merville auquel est convié l’éditeur d’Hélène Merville [l’épouse écrit des romans policiers] et sa femme ainsi qu’un ami.



Alors que le commissaire Merville s’apprête à raconter une vieille enquête à laquelle il a participé, pour illustrer un propos qu’il vient de tenir, sa femme l’arrête pour lui avouer que l’enquête en question est le sujet de son prochain roman dont l’intrigue relate ladite enquête.



Plutôt que d’écouter le commissaire, on demande à sa femme de lire son roman…



Bref, le procédé innove à peine en mixant les deux façons usuelles à l’époque de raconter une vieille enquête : le roman ou la confession.



On s’étonnera de la concision du texte. Non pas parce qu’il se veut un roman alors qu’il n’est qu’un fascicule, on sait bien que le procédé est utilisé pour faire des élisions contrairement à ce qu’il pourrait laisser croire. Non, ce qui surprend le plus c’est que ce fascicule de 64 pages ne contient que 11 600 mots, c’est-à-dire moins que certains fascicules de seulement 32 pages.



Pour ce qui est du reste, l’auteur tisse rapidement des liens entre Merville et sa femme, liens que l’on ressentira également par la suite, ce qui laisse à penser que cette relation tient à cœur de son auteur. De là à dire que cela confirme l’idée que l’auteur est une femme, voilà un propos dont je me garderais bien, le sentimentalisme n’étant pas, heureusement, un sentiment que l’on peut imputer à la seule gent féminine.



La plume est plutôt agréable et parvient à instiller une certaine ambiance que l’on ne retrouve pas toujours dans les fascicules policiers de l’époque.



On pourra regretter une intrigue trop simple et une résolution de celle-ci qui ne tient qu’au hasard.



On aurait pardonné cette facilité à un fascicule de 32 pages classiques, mais sur 64 pages, même sans utiliser tout le potentiel d’espace, il y avait quand même suffisamment de latitude pour proposer quelque chose d’un peu plus ambitieux.



Au final, une première enquête du commissaire Merville qui ne met pas forcément en valeur le personnage, mais qui se lit très agréablement du fait de la plume de son auteur et de l’ambiance légère qu’elle parvient à instiller en quelques mots…

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À « La Pipe à Tabac »

Je poursuis et, il me semble, je termine ma découverte de la carrière littéraire du commissaire Henri Merville avec « À « La Pipe à Tabac » », un livret de 96 pages signé Lydie Servan et publié en 1955 dans la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi.



Pour rappel, le personnage du commissaire Henri Merville est probablement apparu en 1948 dans le fascicule de 68 pages, « L’assassin tombe à dix-neuf heures », de la collection « Double-Six » chez Nord éditions, signé L. Hellais, un pseudonyme de l’auteur. On retrouve le personnage dans la même collection dans deux autres titres, un signé également L. Hellais et un autre signé Luc Vattier.



Puis on retrouve le commissaire Merville dans la collection de livrets de 96 pages « Le Verrou » des éditions Ferenczi par six fois. Cinq titres sont signés Lydie Servan (dont un est une réécriture d’un titre précédent) et un titre signé L. Hellais.



« À « La Pipe à Tabac » » semble être le dernier épisode mettant en scène le personnage.



Quant à l’auteur, on ne sait rien si ce n’est les pseudonymes déjà cités, et celui de Lyna Claude et qu’elle a signé principalement des récits sentimentaux.



Le commissaire Merville est à la recherche de Garson, un truand recherché par toutes les polices. Pour le retrouver, il se rend dans la boîte « La Pipe à Tabac » où danse parfois se maîtresse. Celle-ci, sous la contrainte, lui ayant révélé que Garson passe tous les soirs dans l’établissement, Merville décide d’attendre Garson, mais, au moment où il s’apprête à le coincer, une altercation entre un chanteur de la boîte et le gérant permet à Garson de s’enfuir.



Dépité et enragé, le commissaire Merville décide de s’intéresser de plus près à ce gérant, ami de Garson, et accusé par le chanteur d’être un trafiquant ayant changé de nom…



Je retrouve donc probablement pour la dernière fois le commissaire Henri Merville dans ce court roman qui détoné légèrement des précédentes enquêtes du personnage.



Détoner est un bien grand mot, mais disons que tout me laisse à penser que ce texte est le résultat d’une réécriture d’un texte précédent sans que j’aie pour autant trouvé duquel.



Déjà par sa construction, car le meurtre qui lance réellement le récit n’arrive qu’à la moitié du texte. La première partie du récit est en effet dévolue à mettre en place les différents personnages qui vont être concernés par l’histoire et principalement le chanteur de l’altercation et sa relation avec la danseuse vedette.



Ensuite et surtout, ce qui surprend et me laisse à penser à une réécriture, c’est qu’ici, contrairement à toutes les enquêtes précédentes de Merville, son épouse, Hélène, ne prend pas une part prépondérante à l’affaire. Non seulement elle ne tient pas un rôle important, comme à chaque fois, mais elle n’est même pas citée ni évoquée. Or, le commissaire Merville, jusque-là, a toujours été indissociable de son épouse et la relation entre les deux personnages a toujours été mise en avant par l’auteur.



Bref.



On retrouve pourtant l’art de Lydie Servan à mettre en place son ambiance et à faire reposer ses textes plus atmosphère que sur une intrigue. Certes, le texte, du coup, pâtit légèrement de l’absence de l’épouse du policier, mais l’auteur se rattrape avec les affres sentimentales du petit chanteur.



Car, question intrigue, il faut bien avouer que Lydie Servan nous livre le strict minimum, juste ce qu’il faut pour faire tenir son récit, mais rien d’enthousiasmant pour autant.



Et, comme le personnage de Merville est bien moins étoffé que dans les précédents récits (du fait de l’absence de son épouse), l’ensemble repose uniquement sur la plume de l’auteur et l’ambiance qu’elle parvient à restituer sur papier.



Malgré tout, l’ensemble se lit agréablement même si ce dernier épisode ne parvient pas à se hisser à la hauteur des précédents.



Dommage pour un ultime épisode.



Au final, un court roman policier qui pèche un peu par son intrigue, mais qui offre tout de même un bon moment de lecture.
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Un coup raté !

Je poursuis ma découverte des enquêtes du commissaire Henri Merville avec « Un coup raté ! », probablement l’avant-dernier titre mettant en scène le personnage né de la plume de Lydie Servan.



Pour rappel, le commissaire Henri Merville apparaît probablement en 1948 dans la collection « Double-Six » chez Nord éditions sous la forme d’un fascicule de 64 pages signé Luc Vattier.



On retrouve le policier quatre fois dans cette collection, les autres titres étant signés Louis Hellais.



Puis on le retrouve en 1953 dans la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi dans 4 livrets de 96 pages signés Lydie Servan, pour trois et Louis Hellais pour le titre du jour : « Un coup raté ! ».



En ce qui concerne l’auteur, je n’ai aucun renseignement à part les pseudonymes cités et un autre, Lyna Claude et le fait que la plus grande partie de sa production fut destinée à des collections sentimentales…



Un chargé de pouvoir d’une grande entreprise se rend spontanément dans un commissariat pour s’accuser d’un détournement de fonds de trois millions. Non seulement le crime n’a pas encore été constaté, mais il y a fort à parier qu’il ne l’aurait pas été avant longtemps.



Alors, pourquoi cet homme insignifiant s’est-il rendu ? c’est ce que se demande le commissaire Henri Merville chargé de l’affaire.



Et, tandis que n’importe quel policier aurait clos une affaire aussi simple en apparence, Henri Merville, lui, va fouiller pour découvrir le pot aux roses…



Je retrouve donc avec plaisir le personnage du commissaire Henri Merville et celui de son épouse Hélène (qui est toujours présente dans les récits et y prend généralement une part signifiante aux enquêtes).



Avec plaisir, car il faut bien l’avouer, à par l’irritation provoquée par une évidente homophobie (que l’on peut sûrement mettre sur le manque d’ouverture d’esprit de l’époque, mais quand même), je n’ai pas eu grand-chose, jusqu’ici, à reprocher aux précédents titres mettant en scène le personnage, bien au contraire.



Et c’est notamment dans les titres de la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi, que le personnage s’épanouit le mieux, très probablement du fait qu’au lieu des 15 000 mots, environ, des récits de la collection « Double-Six », l’auteur a ici 27 à 28 000 mots pour laisser sa plume et ses personnages s’épanouir.



Alors, certes, on reprochera facilement la faiblesse des intrigues, mais là n’est pas le point sur lequel l’auteur semblait vouloir se concentrer.



Car c’est indéniablement l’ambiance générale des récits qui fait la force de ceux-ci ainsi que le fait que les personnages soient un peu plus dessinés que dans les récits issus des mêmes formats de l’époque.



Et c’est notamment la relation entre Henri Merville et sa femme Hélène qui est légèrement mise en avant, juste ce qu’il faut pour rendre les personnages plus humains et plus attachants.



Et, comme l’auteur est probablement une femme (même s’il ou elle utilisait autant de pseudonymes masculins que féminins) elle a voulu faire du personnage d’Hélène autre chose qu’une simple potiche. D’ailleurs, le fait qu’elle écrive des romans policiers laisse penser que l’auteur s’est un peu projeté dans son personnage. Ainsi, Hélène Merville a toujours une place importante dans une enquête, car c’est souvent elle qui fait avancer un dossier à l’arrêt soit par le hasard soit par ses proches recherches.



Du coup, on peut reprocher ici une intrigue un peu faible et qui peine à tenir debout, tant dans les motivations du suspect que dans le comportement du ou de la coupable.



Mais qu’importe, le lecteur n’est pas confronté à un thriller, un roman à suspens, aussi il pardonnera aisément cette faiblesse.



Parce que si l’on met de côté ladite faiblesse du scénario et du comportement des deux personnages (le suspect et le ou la coupable) l’ensemble se lit très facilement et, surtout, très agréablement du fait de l’ambiance, qui, toute proportion gardée, peut rappeler celle d’enquêtes du commissaire Maigret, et aussi de la plume de l’auteur qui parvient à ne jamais sombrer dans le récit sentimental tout en livrant quelques éléments de ce genre-là afin de renforcer les sentiments et les motivations des protagonistes.



Bref, jusqu’à présent, chaque enquête du commissaire Merville a été agréable à lire et il ne me reste probablement qu’un titre à découvrir, ce que je vais m’empresser de faire.



Au final, un récit dans la veine des précédents, un récit policier à ambiance très agréable à lire.
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Signé L'Affreux

Je poursuis ma découverte de la carrière littéraire du commissaire Henri Merville avec le titre « Signé L’Affreux ».



Pour rappel, Henri Merville est un personnage né de la plume de Lydie Servan (mais dont certaines aventures sont signées par d’autres pseudonymes de cet énigmatique auteur comme Louis Hellais et Luc Vattier), qui apparaît dans la collection « Double-Six » de Nord Éditions en 1948 dans un fascicule de 64 pages, titré « L’assassin tombe à dix-neuf heures ».



Après quelques apparitions dans la même collection, on le retrouve quelques années après (à partir de 1953) dans la collection de fascicules de 96 pages « Le Verrou » des éditions Ferenczi.



« Signé L’Affreux » est un titre paru dans cette seconde collection, en 1955.



Quant à l’auteur, Lydie Servan, on ne sait rien d’elle si ce n’est quelques-uns de ses pseudonymes, dont ceux déjà cités.



Le commissaire Merville est contacté par une personne venant lui signaler la disparition mystérieuse de Valentine Jullien, une riche veuve à la tête d’une association de bienfaisance et dont l’absence prolongée est suffisamment exceptionnelle pour être inquiétante.



Si ce cas n’inquiète pas trop Merville au départ, quand, après avoir fait paraître des avis de recherches dans les journaux, il reçoit une missive signée « L’Affreux » lui indiquant qu’il est inutile de rechercher la disparue parce qu’il l’a tuée, l’affaire devient plus sérieuse et plus prenante. Mais, devant le peu d’indices, Merville craint de devoir classer l’affaire quand un collègue de la Mondaine lui fait part de la disparition mystérieuse d’une prostituée nommée Mona.



Alors, l’instinct de Merville lui dit de faire le rapprochement entre les deux affaires et quand des avis de recherches sont lancés dans les journaux, une deuxième lettre arrive au commissariat, toujours signée « L’Affreux » prévenant qu’il est inutile de chercher Mona, car il l’a tuée.



Et L’Affreux ne va pas en rester là…



Bien étrange court roman que ce roman-ci.



Étrange, déjà, car il confirme une évidente homophobie de la part de l’auteur, homophobie qui devait être, certes, partagée par un public large à l’époque (comme pouvaient l’être la vision des étrangers et celle des femmes), mais qui à l’aulne de notre évolution est choquante.



Car, si la chose n’est pas ponctuée d’épithètes outrageuses, si ce n’est celle de pédéraste, qui n’est choquante que par son aspect péjoratif, c’est avant tout le « dégoût » avancé par le commissaire Merville pour ceux qu’il considère comme des déviants, qui choque. Et ce d’autant plus que de « dégoût » est partagé par son épouse Hélène et donc, indéniablement, par son auteur.



Mais, quand on lit des textes de cette époque, il faut savoir passer outre la xénophobie, l’homophobie, la misogynie latentes qui sont une constante et qui démontrent que l’on s’est heureusement amélioré (pas assez pour certains) qu’on a évolué (pas dans le bon sens pour certains).



Étrange également par la construction de ce court roman (un peu plus de 28 600 mots) qui, s’il offre la part belle à l’enquête menée par Merville, laisse de la place, en fin d’ouvrage, après l’arrestation du coupable, au procès de celui-ci ou, plus exactement, à sa défense ou à la justification de ses actes pourtant odieux et cruels.



Cette part non négligeable semble destinée, de la part de l’auteur, à mettre en avant une sorte de morale mettant en opposition la beauté intérieure et la beauté extérieure et voulant, probablement, souligner qu’il faut s’accepter tel que l’on est et ne par chercher à changer au risque de s’empirer.



Étrange aussi, car, à l’aulne de la couverture, du moins de son illustration, au moment de l’arrestation du suspect, difficile de croire à sa culpabilité. Car celui-ci n’est pas Affreux, car celui-ci ne correspond pas à l’illustration proposée.



Étrange, enfin, car on ne sait jamais où l’auteur veut en venir, du fait de ces justifications qui semble être là pour « défendre » l’indéfendable, pour justifier l’injustifiable.



Alors, oui, le lecteur que je suis se pose des questions et un texte qui me pousse à me poser des questions est toujours, selon moi, un texte intéressant.



Mais ce récit est d’autant plus intéressant qu’il est mené d’une plume fluide et sans accroc à laquelle Lydie Servan nous avait déjà habitués dans ses titres précédents.



Et ce récit est également intéressant par la volonté de l’auteur de mettre en avant le personnage d’Hélène Merville, l’épouse du commissaire, qui, une nouvelle fois, sera à l’origine de l’identification du coupable et aura donc eu une place prépondérante dans l’enquête.



Ce n’est donc pas, ici, le rôle de potiche ou de femme vénale et vénéneuse réservé à la plupart des personnages féminins de l’époque.



On peut également être surpris par l’aspect glauque des crimes, autant glauque par le choix de certaines victimes que par la façon dont le coupable se débarrasse des corps.



C’est donc un roman à plusieurs grilles de lecture, mais également à plusieurs ambiances que l’auteur nous propose avec ce titre, un choix assez rare dans la littérature policière fasciculaire pour être mis en avant.



Au final, un petit roman policier déroutant par son fond et sa forme peu en adéquation avec son format d’origine, mais qui se révèle agréable à lire pour peu que l’on passe sur le traitement péjoratif de certaines communautés, un fait malheureusement « normal » à l’époque.
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L'assassin tombe à dix-neuf heures

Depuis peu, je m’intéresse à la carrière littéraire du commissaire Henri Merville, un personnage apparu en 1948 dans la collection fasciculaire « Double-Six » chez Nord-éditions.



Si ce qui semble être sa première aventure, en tant qu’inspecteur, « Quatre coups de chevrotines » fut signée Luc Vattier, on retrouve le personnage, inspecteur ou commissaire, sous la plume d’un certain Louis Hellais dans la même collection, puis sous celle de Lydie Servan dans la collection de livrets de 96 pages « Le Verrou », dans laquelle au moins un des titres et le résultat d’une réécriture et d’un allongement d’une enquête précédente.



Pour ce qui concerne Lydie Servan – conservons à l’auteur son pseudonyme féminin, puisqu’il y a fort à parier, à la lecture des titres, que l’auteur est une femme, comme peu le confirmer un autre de ses pseudonymes, Lyna Claude – on ne sait rien d’elle si ce n’est qu’elle écrivit principalement des récits sentimentaux même si elle s’est essayée au récit policier à travers les enquêtes de son commissaire Henri Merville.



L’assassin tombe à dix-neuf heures est à l’origine un fascicule de 64 pages publié en 1948 dans la collection « Double-Six » chez Nord-éditions.



Un riche banquier est retrouvé assassiné d’une flèche au curare dans la nuque, chez lui, par son valet de chambre.



Le commissaire Merville qui fête son premier anniversaire de mariage avec son épouse Hélène est appelé en pleine nuit pour s’occuper de l’enquête.



Sur place, il ne découvre aucun indice si ce n’est que la fille de la victime est censée être partie en vadrouille depuis quelques jours et qu’elle semble avoir un soupirant dont Merville ne trouve qu’un prénom et une photo.



Au bout d’une semaine d’enquête, Nelly, la fille, jusqu’ici introuvable, se présente à Merville, mais refuse de dire où elle se trouvait ni de donner l’identité de son soupirant…



On retrouve ici un Merville jeune marié, ce qui semble confirmer que l’écriture et parution de ce titre est liminaire au reste de l’œuvre bien que « Quatre coups de chevrotines » mette en scène un Henri Merville encore célibataire et inspecteur, mais cette histoire est contée par son épouse, Hélène, écrivain de romans policiers.



On apprend donc ici que Merville a déjà été mariée avec une jeune fille, mais que celle-ci est décédée (on ne sait pas de quoi) et qu’il a ensuite épousé Hélène.



D’ailleurs, celle-ci, présentée dans la plupart des titres comme journaliste et écrivain de romans policiers n’est ici encore que nouvelliste pour un magazine. C’est son boss qui la convie à se mettre à l’écriture de romans policiers.



Ce détail confirme donc que « L’assassin tombe à dix-neuf heures » a été écrit, et est donc paru, avant « Quatre coups de chevrotines ». D’ailleurs, une recherche sur les dates d’impression et les numéros d’impression le confirme.



Mais passons, ce n’est pas le sujet du récit.



Dès cet épisode liminaire, on sent la volonté de l’auteur de donner une place prépondérante à l’épouse du commissaire Merville et a la relation entre elle et son mari. La femme n’est donc pas, ici, reléguée à une portion congrue, mais a bien un rôle à tenir. Et ce, d’autant plus que c’est Hélène qui va découvrir l’identité du meurtrier et, donc, permettre à son mari de résoudre l’affaire.



Cette relation permet d’étoffer un peu le récit, les personnages principaux, ce que l’on trouve rarement dans des récits de moins de 15 000 mots (14 200 pour celui-ci).



Cette particularité dans le monde du fascicule policier permet à son auteur de proposer une autre ambiance que d’ordinaire, ambiance qui ne repose pas sur la seule intrigue et qui donne l’impression d’être face à un texte de plus grande ampleur.



Et comme le tout est mené d’une plume alerte et fluide, cela offre un excellent moment de lecture.



Car, il faut bien l’avouer, si le lecteur ne devait compter que sur la seule intrigue, il serait forcément déçu tant celle-ci est simple et que le rebondissement est usé jusqu’à la corde (le suspect refusant de livrer son alibi, par exemple).



Au final, un premier épisode très prometteur grâce au choix de l’auteur de mettre en avant l’épouse de l’enquêteur et la relation entre les deux époux et, surtout, à la plume fluide de l’auteur.
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