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Citation de Kewbic


Pendant que nous sommes seules, dit, madame de… à madame de B., je veux vous parler d’Ourika : elle devient charmante, son esprit est tout à fait formé, elle causera comme vous, elle est pleine de talents, elle est piquante, naturelle ; mais que deviendra-t-elle ? et enfin qu’en ferez-vous ? — Hélas ! dit madame de B., cette pensée m’occupe souvent, et, je vous l’avoue, toujours avec tristesse : je l’aime comme si elle était ma fille ; je ferais tout pour la rendre heureuse ; et cependant, lorsque je réfléchis à sa position, je la trouve sans remède. Pauvre Ourika ! je la vois seule, pour toujours seule dans la vie ! » Il me serait impossible de vous peindre l’effet que produisit en moi ce peu de paroles ; l’éclair n’est pas plus prompt : je vis tout ; je me vis négresse, dépendante, méprisée ; sans fortune, sans appui, sans un être de mon espèce à qui unir mon sort, jusqu’ici un jouet, un amusement pour ma bienfaitrice, bientôt rejetée d’un monde où je n’étais pas faite pour être admise. Une affreuse palpitation me saisit, mes yeux s’obscurcirent, le battement de mon cœur m’ôta un instant la faculté d’écouter encore ; enfin je me remis assez pour entendre la suite de cette conversation. (Ourika, Folio, p.71)
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