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Critiques de Manlio Graziano (1)
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L'Italie, un Etat sans nation ? : Géopolitiqu..

Première zone capitaliste en taille et en précocité, les pays italiens n'ont pas su prolonger leur avance : trop de capitaux amassés, trop peu d'innovations technologiques pour justifier des investissements, trop peu de clientèle, trop de puissance des villes qui empêchent la constitution d'un Etat, trop d'influence de l'Eglise qui agit dans le même sens.



Alors que l'Espagne, l'Angleterre et la France, qui ne sont pas freinées par de puissantes villes, constituent des Etats, l'Italie reste morcelée. Au XIXème siècle, elle est totalement dépassée industriellement, politiquement et culturellement : l'absence d'un Etat a empêché toute politique internationale et les talents sont allés s'installer ailleurs (cf depuis Christophe Colomb).



La Lombardie est cependant l'une des régions, sinon la région, la plus riche d'Europe. Mais elle est aussi le théâtre d'action des armées françaises et autrichiennes. Milan a par ailleurs peu de goût pour la politique et ne propose aucun projet au reste de l'Italie. Naples est certes la plus grande ville, mais, capitale d'un royaume à l'identité forte et longtemps sous domination étrangère, elle n'a aucun légitimité à s'imposer sur la péninsule. Rome a bien entendu une aura gigantesque, mais c'est aussi la patrie de l'Eglise. Les villes du nord n'ont aucune envie de faire partie d'un Etat papal. Florence est "certifiée italienne" depuis des lustres, mais elle est trop faible. Turin est une ville de moindre importance et sous domination savoyarde.



Pourtant, l'intuition de Cavour donnera l'avantage à sa région, le Piémont. Faisant participer l'armée piémontaise à la guerre de Crimée au côté des armées françaises et britanniques, il s'assoit à la tables des vainqueurs. Brusquement, le Piémont prend une légitimité politique forte. Le plan de Napoléon III qui voulait se réserver les Etats papaux du centre, donner le nord au Piémont et laisser le sud indépendant ne se réalisera pas. Certes, il donne la Lombardie au Piémont qu'il hérite de l'Autriche, mais Garibaldi lance son armée vers le sud : en dix ans, l'unité italienne est faite.



Pour l'auteur de l'essai, cette vivacité tient davantage à la politique internationale qu'à des forces intérieures. Mais l'italie faite, il faut faire des Italiens. Là, ça se complique : le Piémont garde la prépondérance politique jusqu'à la seconde guerre mondiale, mais on y parle encore français jusqu'à la fin du XIXème siècle. La politique refuse le libre échangisme à cette période et le pays recule dans la compétition internationale ; le transformisme politique (arrangements avec l'opposition) empêche l'alternance des idées et insère l'Etat dans l'activité économique plus que dans aucun autre pays.



La Première guerre mondiale étend cependant tragiquement l'emploi de l'Italien, peu parlé, de même que le cinéma, la radio puis la télévision. La population restant relativement en marge du fonctionnement de l'Etat. Après la Seconde Guerre mondiale, un nouveau transformisme se met en place tandis que l'Eglise redouble d'effort pour étendre son influence.



Dans ce flottement structurel, le traité de Maastricht donne un coup de fouet : le croquemitaine européen impose les réformes qui ont tant de mal à se mettre en place. Depuis, bon an mal an, sans animosité ni passion, intégrés dans le projet européen, les Italiens s'accommodent de "l'Etat sans nation" qui s'est formé.



Un essai très dense et précis sur nos chers voisins, même si l'on suspecte que de nombreuses formulations paient leur éclat au prix élevé d'une certaine confusion : il arrive plusieurs fois qu'un paragraphe démente catégoriquement un propos précédemment tenu - il faut alors revenir en arrière et saisir où se tient l'ambiguïté, ce qui a pour fâcheux effet de bouleverser fréquemment la compréhension du texte et de changer l'attitude initiale admirative du lecteur en posture suspicieuse.
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