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Critiques de Mansouria Mokhefi (1)
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Le Maghreb et son Sud : vers des liens reno..

Alain Antil et Mansouria Mokhefi dirigent respectivement les programmes « Maghreb/Moyen Orient » et « Afrique subsaharienne » de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Ils auraient pu interroger les relations qu’entretiennent entre elles leurs zones d’expertises. Mais, comme l’indique le titre de l’ouvrage collectif qu’ils codirigent, ils ont préféré s’intéresser aux liens noués entre l’Afrique du Nord et son Sud. En effet, mis à part Thierry Vircoulon qui consacre un chapitre à la politique maghrébine de Pretoria, caractérisée par la fidélité aux anciens alliés de la lutte anti-apartheid (l’Algérie du Front de libération nationale, la Libye de Khadafi), tous les autres contributeurs sont des spécialistes du Maghreb qui exposent successivement les stratégies diplomatiques des États nord-africains et la dynamique des échanges humains appréhendée du point de vue du Maghreb.

Les quatre États du Maghreb ont développé des stratégies diplomatiques très différentes. « Mecque des révolutionnaires », l’Algérie (Salim Chena) a bénéficié de l’aura acquise durant sa guerre d’indépendance auprès des jeunes États africains décolonisés.

Le Maroc (Abdelaziz Barre) a longtemps sacrifié sa politique africaine sur l’autel de la lutte contre le Polisario qui conduisit au retrait de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1984 ; mais les liens personnels tissés par le souverain chérifien, doublés d’une politique généreuse de coopération mise en œuvre par l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), lui ont permis de conserver de solides alliés en Afrique francophone occidentale et centrale. Trop aimantée par sa relation avec l’Europe, la Tunisie entretient les liens les plus ténus avec l’Afrique subsaharienne même si le transfert du siège de la Banque africaine de développement (BAD) à Tunis a entraîné l’arrivée massive d’une population aisée, anglophone et chrétienne. À l’opposé, après l’échec de sa politique panarabe, le Guide libyen a mis en œuvre à l’égard du continent noir, une vaste entreprise de séduction que son renversement en 2011 est brutalement venu interrompre.

Cet ouvrage souffre toutefois d’avoir été bouclé quelques jours à peine avant le lancement de l’opération « Serval » au Nord-Mali qui définit une nouvelle donne dans la région. Mais il faut lui reconnaître le mérite de replacer la crise touarègue – dont la genèse est rappelée par André Bourgeot – dans son contexte régional en soulignant combien la chute du régime de Tripoli (Jean-Yves Moisseron et Nadia Belalimat) et le développement cancérigène de l’économie grise (Mansouria Mokhefi) rendent explosive la situation locale.



Les évidences ne sont pas toujours trompeuses. Il est de bon ton de vanter l’unité du continent africain en combattant l’idée que le Sahara constituerait une barrière infranchissable pour les hommes et les idées.

Les contributeurs auraient pu céder à cette mode, en soulignant l’ancienneté du système caravanier transsaharien, l’unité culturelle forgée autour de l’Islam et l’existence d’un « complexe de sécurité » dans la bande sahélienne, mais ils ont l’honnêteté de reconnaître la faible connexion de ces zones. Chiffres à l’appui, Mustapha Machrafi souligne combien le volume des échanges économiques reste faible, les pays du Maghreb réalisant seulement 1 % de leur commerce extérieur avec ceux de l’Afrique subsaharienne. Plus significatif encore, les Maghrébins ne se sentent pas spontanément « Africains ». Sans doute les stéréotypes évoluent-ils, comme le montrent les contributions de deux jeunes anthropologues, Johara Berriane et Stéphanie Pouessel, qui travaillent sur les étudiants subsahariens au Maroc et les nouveaux visages de l’immigration africaine en Tunisie. « L’Africain » n’en reste pas moins, au mieux, un Autre exotique, au pire, un clandestin méprisé et exploité, et dans tous les cas, un étranger radical.
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