On était à la fête, les filles du renseignement étaient là et nous étions heureux d'être ensemble. Bien sûr, ce repas dérogeait aux règles de sécurité les plus élémentaires, mais Jan savait combien ces rares moments nous guérissaient de l'isolement qui touchait chacun d'entre nous. Si les balles allemandes ou miliciennes ne nous avaient pas encore atteints, la solitude, elle, nous tuait à petit feu. Nous n'avions pas tous la vingtaine, à peine davantage pour les plus âgés d'entre nous, alors à défaut de remplir nos ventres, la présence des copains nous remplissait le coeur.