Il pouvait, s’il le désirait, se tasser, se voûter, effacer toute expression de son visage, éteindre son regard et devenir un de ces personnages si ternes qu’on n’arrive pas à en conserver le moindre souvenir. Il pouvait aussi jouer celui qui a eu des malheurs, qui s’exprime d’une voix lasse avec de longs silences douloureux, l’esprit ailleurs. Dans l’un et l’autre cas il parlait peu pour écouter beaucoup. Mais il savait au besoin bavarder comme un colporteur, passer du coq à l’âne et parsemer son propos de plaisanteries dont il était le premier à rire aux éclats. Dans ce cas, il parlait beaucoup mais n’écoutait pas moins.