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Citation de LauraStarkly


— Je ne veux pas d’un autre endroit où vivre ! cria-t-elle vers l’escalier.
Nathaniel monta encore une marche et s’arrêta, le dos rigide. Il ne se retourna pas, comme s’il ne pouvait pas supporter de la regarder.
— J’aime être ici, dit-elle, surprise elle-même de cette vérité. J’ai presque l’impression d’être… d’être chez moi. Je m’y sens en sécurité. Je n’ai pas peur de vous ni de vos cauchemars.
Nathaniel émit un rire bref, amer et sans joie.
— Vous me connaissez à peine. Et vous n’avez pas vu ce dont je suis capable, enfin, pas vraiment. Quand cela arrivera, je parie que vous changerez d’avis.
Elisabeth repensa à cette nuit dans la Noirée, quand il s’était assis pour contempler dans la forêt l’œuvre de son ancêtre, une blessure vieille de plusieurs siècles et toujours béante. Était-ce cela qu’il craignait ? Que la malfaisance de Baltasar survive au fond de lui ? À chaque battement de son cœur, Elisabeth sentait sa poitrine transpercée par une vive douleur.
Elle ramassa une rose sur le sol. Ses pétales étaient mouillés, et les épines lui picotèrent les doigts. C’était un symbole d’amour, de vie et de beauté, tellement incongru dans le manoir désert et sinistre de Nathaniel, même si cela faisait un moment qu’elle n’avait plus considéré l’endroit de cette façon. Elle comprit que ces roses avaient été apportées pour elle. Elles représentaient une lueur d’espoir, l’éclat rougeoyant d’une braise au milieu de cendres froides.
— Je n’ai peut-être pas vu ce dont vous êtes capable, dit-elle, mais j’ai vu ce que vous avez choisi de faire. (Elle releva les yeux vers lui.) N’est-ce pas le plus important ?
La question toucha Nathaniel au cœur. Il vacilla et se retint à la rambarde.
— J’ai choisi de ne pas vous aider à combattre Ashcroft.
Le cœur d’Elisabeth se serra. Elle détailla la ligne raide de ses épaules et de son dos qui trahissait si clairement sa peine.
— Il n’est pas trop tard pour changer d’avis. 
Nathaniel se pencha et appuya le front sur son bras. Le silence tomba sur le hall qui empestait la combustion éthérique, mêlée au discret parfum des roses.
— Très bien, dit-il finalement.
La joie éclata en elle avec la vivacité d’une gorgée de champagne, mais elle n’osa pas trop en espérer pour l’instant.
— Je peux rester, alors ?
— Bien sûr que vous pouvez rester, petite terreur. Comme si je pouvais vous en empêcher, quand bien même je le souhaiterais. (Il marqua une nouvelle pause. Elisabeth attendit en retenant son souffle qu’il se décide à dire la suite.) Et c’est d’accord, je vous aiderai. Mais pas sous l’impulsion de quelque noble sentiment, ajouta-t-il aussitôt, alors qu’Elisabeth se sentait soudain pousser des ailes. Je continue à penser qu’il s’agit d’une cause perdue, et que nous allons probablement nous faire tuer. (Il recommença à monter les marches.) Mais tout homme a ses limites. Et s’il est une chose que je ne peux tolérer, c’est de rester là sans rien faire, à vous regarder détruire d’irremplaçables antiquités.
Le sourire d’Elisabeth n’aurait pu s’épanouir davantage. 
— Je vous remercie ! cria-t-elle après lui.
Sur le palier, Nathaniel balaya son remerciement d’un petit geste dédaigneux, mais avant qu’il ne disparaisse au coin du palier, elle vit qu’il souriait lui aussi.
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