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Si les paysans craignent ses agissements malfaisants, ils y ont pourtant fréquemment recours. Outre le fait qu’elles font souvent office de sages-femmes, les sorcières connaissent les secrets des plantes qui guérissent ou qui tuent, de celles qui font passer la douleur, et on les consulte à cet effet. Elles fabriquent également, à la demande, des charmes amoureux pour aider les jeunes filles à trouver un mari ou des « charges » maléfiques pour se débarrasser d’un ennemi.
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Par ailleurs, la différence suffit bien souvent à ranger un individu dans le placard du diable. L’infirmité ou l’imperfection physique déclenchent les soupçons. Tous ceux marqués du B, comme on disait – bossu, boiteux, bègues, borgnes, bigles –, sont d’emblée suspectés de sorcellerie. On se méfie aussi des forgerons, manieurs de feu, et des prêtres défroqués. On redoute les étrangers de passage. S’ils viennent à mendier un morceau de pain, on s’empresse de le leur donner afin d’éviter une éventuelle vengeance, un sort qu’ils jetteraient avant de quitter les lieux.