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Critiques de Marie-Claude Grandguillot (1)
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Enseigner en classe hétérogène

Tiens, un livre sur l’hétérogénéité qui nous donnerait des pistes de différenciation de notre enseignement…

Voilà quelque chose de bien utile en ces temps de (nouvelle) remise en cause du collège unique.







Evidemment, on peut estimer que tous les enfants n’ont pas leur place au collège, qu’il faut effectuer un tri, une sélection. Oui, mais sur quelle base ?

Cela concernerait sûrement les enfants des autres, pas les miens…





Peut-être peut-on aussi se dire qu’il est temps de réfléchir à une manière d’adapter notre enseignement à un public nouveau. Enfin, nouveau… depuis 25 ans !

Ah, mais… ce livre a été publié en 1993, justement !







Une première partie répond à la question « Comment s’est constituée l’hétérogénéité ? »

L’enseignement public s’est historiquement constitué en trois ordres :

L’enseignement secondaire d’état (loi de 1802 et 1806).

L’enseignement primaire d’état fondé en 1833.

L’enseignement professionnel d’état créé en 1919.







Contre toute attente pour qui, comme moi, n’avait pas réfléchi à la question, l’enseignement professionnel devient de plus en plus homogène.



Au départ, c’était un enseignement de classe, pour les fils d’ouvrier, les jeunes filles d’origine populaire. Ainsi, le public accueilli était assez indépendant des résultats et des possibilités scolaires. De bons élèves faisaient un C.A.P. ou un apprentissage.



Ensuite, comme tout le monde s’est mis à avoir la même ambition sociale – gagner bien sa vie, avec un métier pas trop dur – la sélection pour l’enseignement professionnel s’est faite par l’échec.





[Ce n’est pas dans le livre, mais je rajouterais que de nos jours, les élèves bons scolairement ne veulent toujours pas souvent rejoindre les filières professionnelles, par contre, parmi les élèves scolairement en difficultés, certains par défaut se retrouvent en seconde générale, ce qui devrait au moins avoir l’avantage d’épargner un peu les dites filières professionnelles d’éléments inutiles et gênants pour eux. (fin de l’aparté)]









L’école primaire, elle, a vu son hétérogénéité fortement diminuer globalement.



Certes, à partir de 1962, les filles et les garçons ont cessé d’être séparés.

Mais dans les années 60 également, les « grands élèves » de primaire ont été intégrés dans les collèges en sixième.



La mixité des sexes s’est faite en fusionnant des écoles, doublant donc leurs effectifs, et permettant ainsi la création de 5 classes d’âges en primaire (du CP au CM2).



De nos jours encore, la suppression de petites écoles permet de supprimer les « classes uniques », donc de réduire l’hétérogénéité d’âge et de niveau en primaire.









Le second degré (collège et lycée) a lui vu son hétérogénéité augmenter fortement.



Au tout début du 20ème siècle, ce n’est que 3 à 4 % d’une classe d’âge, et que des garçons, qui bénéficie de l’enseignement secondaire d’état.



C’est en 1880 qu’un enseignement secondaire public d’état féminin se crée, séparé dans les établissements mais aussi dans les programmes de son homologue masculin.





Je ne résiste pas à citer cela : la loi de 1880 dit « La république instruit les vierges, futures mères des hommes » et plus loin, pour le recrutement, il faut venir en aide à « des jeunes filles vierges issues de familles honnêtes et méritantes » !!





Les deux textes fondateurs de l’école unique datent de 1918 et 1947.



« Le texte fondateur est sans conteste celui de 1918 qui pose l’Ecole Unique comme une fin visant à instituer la justice scolaire et à promouvoir la sélection par le mérite et comme un moyen au service d’une fin plus élevée : le développement d’une cohésion sociale fondée sur l’ouverture et la mobilité entre classes. »



C’est beau à lire, qu’est-ce qu’on attend pour s’y mettre ?





Bref, avec la suppression aussi des filières d’orientation au sein du collège (il en reste quand même quelques-unes, mais pas avant la fin de la 4ème), l’hétérogénéité du second degré a bien vu tous ses paramètres augmenter en même temps.









J’ai détaillé cette première toute petite partie, parce que j’ai pensé que c’était intéressant pour tout un chacun, et parce que celle-ci sert à montrer que l’hétérogénéité est issue d’un processus long et complexe, pas facilement réversible.

Actons donc qu’il est plus judicieux de s’y adapter que de s’en lamenter.









Le reste du livre aborde les différentes formes d’hétérogénéité dans les classes (sociales, culturelles, de niveau…).

Des exemples de séquences pour gérer l’hétérogénéité (en stimulant la motivation, en provoquant les apprentissages) sont donnés.

Une partie invite à réfléchir sur d’autres formes d’enseignement, comme l’apprentissage, sur l’évaluation.

Ces réflexions sont exploitées ensuite pour donner à voir comment elles peuvent mener à des changements de pratiques de nos classes.

Enfin, des idées sont données pour entretenir la motivation à enseigner.





Livre très intéressant, très utile et très bien fait, pour tous les enseignants !













Inspirée par tant de discours récents sur le latin pour le petit air :



« C'est le plus vieux tango du monde

Celui que les têtes blondes

Ânonnent comme une ronde

C'est le plus vieux tango du monde

Celui que les têtes blondes

Ânonnent comme une ronde

En apprenant leur latin

C'est le tango du collège

Qui prend les rêves au piège

Et dont il est sacrilège

De ne pas sortir malin

C'est le tango des bons pères

Qui surveillent l’œil sévère

Les Jules et les Prosper

Qui seront la France de demain



Rosa rosa rosam

Rosae rosae rosa

Rosae rosae rosas

Rosarum rosis rosis

[…] »



Extrait de « Rosa », Jacques Brel :

https://www.youtube.com/watch?v=v6rLLE48RL0

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