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Citation de sonatem


     
- Marie de Solemne: « Pour vous, la solitude est-elle plutôt une grâce ou une malédiction ? »
     
- Jean-Michel Besnier: « S’il faut choisir entre les deux, plutôt une grâce — même si le terme n’appartient pas du tout à mon lexique parce que la connotation religieuse y est présente. Mais en aucune façon ce n’est une malédiction. Peut-être pourrais-je vous soumettre un entre-deux: la solitude est le résultat d’une conquête.
     
Alors que la grâce, elle, est tout entière du côté du don — comme si on avait été ‘gratifié’ de la solitude —, et la malédiction toute entière du côté de la répulsion — comme si on y avait été condamné —, je situerais la solitude entre les deux. C’est ce qui se conquiert... de haute lutte et de manière incessante. »
     
- Marie de Solemne : « Dans ce mot de conquête, on entend le mot ‘quête´. Dans le domaine de la solitude, qui quête-t-on ? »
     
- Jean-Michel Besnier : « Si l’on donnait l’autonomie comme équivalent à la solitude — ce qui peut sans doute paraître un peu abstrait — on comprendrait mieux que ce soit le résultat d’une conquête. Il faut s’arracher à soi, à l’inertie première, pour être solitaire. Il faut s’arracher à tous les déterminismes qui nous lestent. Le problème avec la solitude, c’est qu’elle n’est pas un point d’aboutissement. On est jamais installé dans la solitude. La solitude est plutôt une disposition, une ouverture. Conquérir une situation qui nous mette dans l’ouverture à quantité de possibles, c’est cela la solitude. Il n’y a donc pas un objectif ´solitude´ qui nous imposerait un certain nombre de gestes, un certain nombre de ruptures, de renoncements, de sacrifices, il y a simplement une propension naturelle à se fondre dans les autres — propension naturelle au conformisme qui se voit particulièrement chez les enfants. Une inclination à l’inertie à quoi nous devons nous arracher pour que les choses puissent commencer. De ce point de vue, la solitude est ce moment nodal où un commencement devient possible. »
     
     
L’effrayante conquête (extrait du dialogue), pp. 53-54.
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