Marilou Bruchon-Schweitzer

Dès l'introduction, Jean Maisonneuve reprend à son compte le constat de Dürer, qui se déclarait "incapable de donner une description exacte de la mesure qui approcherait de la beauté véritable". A défaut de la définir, l'auteur va s'attacher à étudier à tout le moins les perceptions de la beauté. Pour cela, il fera largement appel à des études quantitatives portant sur l'attrait physique. Cela constitue l'un des intérêts de ce livre. Certes le quantitatif a ses limites, ne serait ce par exemple que par le biais des questions posées, des conditions de réalisation etc. Mais cela à l'avantage d'ouvrir des pistes de discussion plus structurées quant à une beauté si difficile à définir.



Dans un premier temps l'auteur fait ressortir que les critères de beauté perçus sont stables et très communs. Certes ils varient selon les époques. Ainsi, par exemple, la couleur des cheveux féminins préférée ( mesurée par le nombre de photos de magazines) évolue. Pour les hommes, Jean Maisonneuve note malicieusement qu'il n'y a pas d'étude, à l'exception du critère chauve / non chauve....

Plus important est le constat, là aussi supporté par plusieurs études, que le fait d'être physiquement attrayant a un effet favorable sur le développement d'un individu (par exemple une étude américaine montre que les puéricultrices passent significativement plus de temps avec les beaux bébés!). Et ce, qu'il s'agisse de bébés, d'adolescents, ou d'adultes. Toutefois Jean Maisonneuve souligne que la réalisation, la concrétisation de ces facteurs favorables pour les personnes attrayantes physiquement ... ne se vérifie pas. Par exemple, il n'y a pas de supériorité des plus beaux individus dans les tests d'intelligence, dans la réussite académique, malgré le fait qu'ils soient plus populaires, plus désirables.



Les arguments ne sont pas uniquement quantitatifs. Freud fait aussi une petite apparition (la beauté comme substitut à des émotions sexuelles inhibées), mais aussi Baudelaire ou Breton pour qui la beauté n'est accessible qu'un instant, ne peut être que circonstancielle.



Une autre partie passe logiquement en revue les moyens mis en œuvre pour accroitre la beauté perçue (habillement, maquillage, tatouages, opérations chirurgicales...), en notant les résultats souvent positifs au moins en termes d'image de soi. De quoi conforter par exemple l'industrie des cosmétiques, ou la mode, souvent considérées comme un peu vaines et futiles! Ce n'est pas le propos de l'auteur, qui souligne bien l'impact des conditionnements sociaux, mais il me semble que ce point mérite quelque attention face à l 'injustice d'une "beauté" absente. 



Si le sujet vous intéresse, ce "que sais je" est une bonne lecture!

Lecture qui peut être ardue avec certains termes spécifiques mais les concepts restent simples.



De tout temps, l'humain est en recherche de l'idéal corporel et de beauté mais il n'existe pas de visages ou proportions idéales. Le beau et le laid sont à la fois inscrits dans nos gènes (discrimination des visages laids dès les premiers mois de la vie) et construit socialement.



De fait, la beauté/laideur modifie les comportements de l'entourage à tout âges et forme le socle des inégalités sociales. Traditionnellement et malheureusement est associé le "vieux", le "gros" à la laideur surtout s'il est rapporté aux femmes.



Pour cela, un surinvestissement dans l'apparence existe malgré les souffrances engendrées.



Nous souhaitons un changement notable dans la façon de vivre et de penser son corps mais les préoccupations de l'esthétique demeurent malgré une volonté de valeur authentique.