Hay songea à son compagnon Amennakhté. Khoumit avait eu raison d'affirmer qu'une grande amitié avait lié les deux gaillards. En fait, Hay venait de perdre plus qu'un ami. Il venait de perdre un frère. Dans la solitude de la pièce, le blessé murmura :
- Amennakhté est mort en combattant. Il est mort en héros. Il est mort... Il... il est... mort...
Ce dernier mot s'étouffa dans un sanglot. Un sanglot discret, cependant. Il y avait bien longtemps que Hay n'avait pas pleuré. Ses larmes accentuèrent son humiliation. L'homme prit une longue goulée d'air et songea qu'il devait cet instant d'émotivité à l'extrême faiblesse qui l'affligeait. Il s'essuya les yeux et, peu de temps après, il se laissa envelloper par la torpeur. Le sommeil vint tout de même. Inconfortable et fragile.