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Citation de Charybde2


« In every generation there is a chosen one. She alone will stand against the vampires, the demons and the forces of darkness. She is the slayer » : ce prologue, qui apparaît au début des saisons 1 et 2, résume les bases de la mythologie de la série. Buffy a été choisie pour combattre les forces du Mal sur Terre. Toute sa vie, elle va devoir faire face à l’obscurité et à la solitude. À sa mort, elle sera remplacée par une autre jeune femme, dont le potentiel de Tueuse sera alors activé. En plaçant le poids du monde sur les épaules d’une lycéenne blonde de 16 ans, la série subvertit les stéréotypes de genre. Inscrits dans l’inconscient collectif, ces derniers prennent la forme d’une opinion généralisée concernant des différences entre femmes et hommes. Ils encouragent la croyance qu’il existerait des comportements naturellement masculins et d’autres féminins. Omniprésents dans la pop culture, ces stéréotypes ont fortement contribué à la construction de certains genres cinématographiques. De James Bond à Spiderman, une écrasante majorité de films d’action et de superhéros met en scène des hommes physiquement forts, intelligents et spirituels tandis que les personnages féminins restent réduits à des sidekicks subissant l’action.
Inspiré par un rare contre-exemple, celui de Kitty Pryde, mutante créée en 1980 dans les comics X-Men, mais aussi par des figures d’action woman qui ont bercé sa cinéphilie (Ripley dans Alien, Sarah Connor dans Terminator), Joss Whedon dote Buffy de qualités traditionnellement codifiées comme masculines, à commencer par la force physique. À elle l’action, la violence et l’intelligence stratégique. Ce renversement des stéréotypes de genre permet aux scénaristes d’explorer des thématiques propres à l’expérience des femmes et d’interroger les limites de la binarité qui régit notre société : masculin / féminin, humain / monstre, bon / méchant, actif / passive…
Dans le premier épisode de Buffy contre les vampires, alors qu’elle marche seule, dans la nuit, Buffy rencontre pour la première fois Angel, vampire doté d’une âme, qui lutte, comme elle, contre les Forces du Mal. La jeune femme se sent épiée. Il avance caché, derrière elle, tel un chasseur guettant sa prochaine victime. La caméra reste focalisée sur lui. Tout d’un coup, son attitude change : c’est lui qui cherche et se sent épié. Buffy a disparu. Accrochée à une barre métallique en hauteur, elle réapparaît, lui assène un coup qui le met à terre et atterrit sur un salto. Puis elle place son pied sur son torse, en position d’attaque. En écho à la scène d’introduction de la série, cette séquence retourne une imagerie inscrite dans l’inconscient collectif, celle de la jeune femme apeurée, qui ne peut pas marcher seule dans la rue, le soir, sans se faire agresser par un homme sorti des ténèbres. Le prédateur devient la proie. Buffy possède plus de force et d’agilité qu’un vampire âgé de 244 ans. Le rapport de force est en sa faveur.
La scène la plus récurrente de la série a connu d’innombrables variations tout au long des 144 épisodes. Elle voit la superhéroïne patrouiller la nuit tombée, dans les rues de Sunnydale plongées dans la pénombre, à la recherche de démons à éliminer. Ce faisant, elle se réapproprie la rue, terrain de violences sexistes dans notre société, notamment de harcèlement sexuel, au nom de toutes les femmes. La catharsis opère. En s’identifiant à elle, les spectatrices observent une métaphore de leurs frustrations quotidiennes, consécutives du sexisme ordinaire et des discriminations en raison de leur genre. Elles assistent au triomphe répété d’une femme contre de nombreux ennemis masculins (humains comme démons). Buffy devient un symbole féministe pour toutes celles qui étouffent face aux violences patriarcales.
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