AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Lilou08


La vitesse avec laquelle le vieillard est passé du désespoir à l’offensive prend Michiel de court. Il sent son propre pouls s’accélérer, la colère monter en lui. Il humecte le rasoir, redresse le menton de son père de sa main libre et passe la lame délicatement sur une joue. Puis rince à nouveau le rasoir maculé de mousse. Il repasse dans sa trace, l’élargissant, se déplaçant vers l’oreille.
- Il y a eu une époque, P’pa, où j’aurais aimé te donner un aperçu de ce que tu nous faisais endurer. -Sa voix est posée, son ton paraît résigné, même à ses propres oreilles-. Une sorte de revanche. Mais cette envie a disparu, avec le temps.
Il se détend, porte son attention sur le rasoir, même s’il pèse chacun de ses mots. Dans le silence de la salle de bains, le crissement de l’acier sur les poils revêches ressemble au ressac de la mer. Et quand je t’ai vu sur le perron, en pyjama dans ton fauteuil roulant –c’est ça qu’il aimerait lui dire-, j’ai compris que la vengeance ne me ferait aucun bien à présent. Les photos qu’avait apportées Ounooi ne laissaient rien paraître de l’infirmité de son père, ni de ses tremblements. Elle a voulu te présenter tel que tu devais être, il y a encore quelques années. En réalité, tu es devenu trop vieux pour que je m’en prenne à toi… P’pa. Trop vieux et trop faible. Trop pitoyable. La vengeance est peut-être un plat qui se mange froid, mais à trop retarder le plaisir, il perd de sa saveur.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}