Il faut beaucoup de maîtrise de soi pour éviter de considérer certains signes du destin comme des menaces. Par exemple, ce Pleyel qui est offert à Clara en 1910 en récompense de son premier prix de piano obtenu au Conservatoire de Paris. Eh bien, Berthe le vend six ans plus tard afin de permettre à Jane, sa fille cadette de poursuivre des études musicales… Clara se trouve au moment de la transaction entre vie et mort à Berck-sur-mer, où elle est sans compagnie, presque sans bagages.
Nous savons ce que représente pour elle le meuble encombrant : un rêve, un territoire, une grappe dorée de souvenirs, le minerai brut de la nostalgie. « Une enfant appuyée au long piano d'ébène», écrit dolemment Anna de Noailles. Appuyée. Comme à un bastingage.