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Citation de Azallee92


Cordélia fixait le mouvement des rames, plongée dans ses songeries douloureuses et secrètes. Tout le village était venu à la messe d'enterrement...Le curé, la voix enrouée par l'émotion, avait récité une oraison qu'il avait eu sans doute toutes les peines du monde à écrire. Pas seulement parce que son coeur était touché par la perte d'une amitié filiale qui remontait à l'enfance d'Henri mais aussi à cause de l'inquiétude des mots à choisir. Comment résumer la vie d'un tel homme? Fallait-il évoquer les guerres, les oiseaux, la simplicité à la fois glorieuse et austère d'une vie frappée de plus d'échecs et d'humiliations que ne méritait son passage sur terre? Allait-il évoquer la calamiteuse union à laquelle il avait poussé son pupille? Le pauvre curé n'était-il pas le grand responsable des chagrins qui avaient rongé la vie d'Henri? N'avait-il pas, dans l'innocence de ses certitudes, voulu modeler le destin d'Henri aux principes qui régissent les vies ordinaires? Il avait fait d'Henri un mari et conséquemment le père qu'il n'avait jamais souhaité devenir. S'il s'était abstenu de lancer le dé du destin de son pupille, s'il ne s'était pas mêlé de jouer les entremetteurs, ni Flavia, ni Tarquin, ni elle-même n'auraient bouleversé la vie d'Henri. Les courtils seraient toujours les courtils, Henri serait mort à son heure....Henri se serait éteint en paix, ayant perdu l'esprit peut-être mais sous la protection de son vieil ami le curé, avant de rejoindre l'âme de ses compagnons d'armes.
-Allons voir l'éveil des colverts...suggéra Cordélia.
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