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Citation de Apocalyptica


Un joyau venu de Finlande

Après la confirmation, quelques jours plus tard, du diagnostic d’un lymphome intra-abdominal non hodgkinien, Saku a commencé ses traitements de chimiothérapie. Il a autorisé seulement quatre personnes à le visiter à l’hôpital : ses parents, mon adjoint Bobby Boulanger et moi. Ça nous avait touchés. On était très proches de lui, on l’avait toujours dorloté. Pas plus que les autres joueurs, mais il n’était pas habitué à ça en Finlande. On l’a vraiment pris sous notre aile à son arrivée.

Je suis allé seulement une fois parce que je ne me sentais pas à ma place. C’était après un traitement, il était à moitié endormi, ses parents étaient là, je n’avais vraiment pas l’impression que c’était à moi d’y être. Ça m’avait marqué de voir un athlète de pointe ainsi diminué par la maladie. Tu penses qu’ils sont invincibles. Les traitements ont duré plusieurs mois. On l’a ensuite revu dans le vestiaire au cours de l’hiver. Il voulait revenir au jeu la saison même, mais j’avais de gros doutes. J’espérais juste qu’il puisse recouvrer la santé. Au fil des semaines suivantes, il a recommencé à s’entraîner en gymnase. Ses cheveux ont repoussé. Il a repris du poids. J’ai commencé à y croire.

Son retour au jeu, le 9 avril 2002 au Centre Bell (l’amphithéâtre avait changé de nom quelques mois plus tôt), contre les Sénateurs d’Ottawa, après une absence de 79 matchs, demeurera à jamais l’un des moments les plus émotifs de ma carrière.

J’avais les larmes aux yeux pendant l’ovation de la foule. Il venait presque de réaliser l’impossible. Il fallait ressentir sa fébrilité dans le vestiaire avant ce match. C’était contagieux. Tout le monde avait la chair de poule. Il était anxieux, mais tellement heureux. Il avait réussi ! C’était beau et touchant à voir ! Non seulement on a gagné ce match 4-3, mais la victoire nous a permis de nous assurer une participation aux séries éliminatoires pour la première fois en quatre ans !

Cette relation particulière entre Saku et moi s’est nouée dès ses premiers pas en Amérique du Nord, en 1995. Il a été important à des étapes cruciales de ma vie. Quand je me suis séparé, en 1998, il a eu vent que je venais de quitter la maison. La saison tirait à sa fin. Il possédait un loft sur trois étages dans le Vieux-Montréal et repartait en Finlande pour l’été. Il est venu me voir à mon bureau et a pris soin de refermer délicatement la porte derrière lui.

– Gerv, j’ai entendu ce qui t’arrive. Voici les clefs de mon condo. Je te laisse vingt chèques pour payer les comptes au fil des mois. C’est chez vous jusqu’en septembre. Et tu prends le vin que tu veux dans le cellier !

J’ai passé cet été-là dans le Vieux. Les enfants aimaient beaucoup y passer du temps. C’était immense chez Saku et ils y avaient leur chambre. J’emmenais les enfants en calèche, il y avait beaucoup d’action tous les soirs. Une vingtaine d’années plus tard, j’en ai encore les larmes aux yeux juste à raconter son geste d’une immense bonté à mon endroit. J’ai tout essayé pour le remercier par la suite. Il n’a jamais rien accepté, même pas que je lui paie un resto. Il était comme ça, Saku…
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