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Critiques de Matteo Bacchini (3)
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In nome del popolo italiano : Au nom du peu..

Tout d'abord, merci à Masse Critique grâce à qui j'ai découvert cet auteur.



Ce mince livret bilingue est une pièce théâtrale à deux personnages: Giulio et Sara.

C'est à un collectif de dix_huit personnes que l'on doit le travail de traduction.



La quatrième de couverture présente si bien la scène que je n'ai rien à ajouter.

Il s'agit d'un divertissement caustique, extravagant. C'est, suite à "l'accident", une déposition farfelue dans un commissariat, en présence d'un brigadier

Giulio et Sara se lancent dans des discours hypertrophiés, inutiles,

C'est un cocktail d'ignorance, de lieux communs, de misère intellectuelles ayant pour modèle la télé privée de Berlusconi.

Trois flashback aux dialogues navrants de pauvreté entrecoupent les dépositions.

GIU: Tu bois quoi là?

SAR: Chais pas.

GIU: Moi aussi! T'aimes bien p'tite Sœur?

SAR: Grave!



Matteo Bacchini s'inspire de la comédie italienne, il fait parler les gens avec le langage qui leur est propre.



Giulio n'est pas intéressé par la politique mais il vote extrême droite et se reconnaît dans les fascistes qui "veulent tout faire péter."

Il est sensible !! "Moi quand je vois une mouette ça m'émeut mon lieutenant. Mais quand je vois un clochard je pète un câble, figurez-vous."



La pièce, bien interprétée avec ses deux acteurs exubérants, tout dans le paraître, doit être divertissante mais, à la simple lecture, leur pauvreté intellectuelle est attristante.
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In nome del popolo italiano : Au nom du peu..

Une pièce de théâtre où l'auteur dénonce le café du commerce new génération illustré par la télé-réalité et l'usage intensif voire abusif d'internet.

Une œuvre qui parle de l'impossibilité du dialogue entre des gens pétris de certitude, qui ont un avis tranché, ferme, définitif (et absolument pas argumenté) sur tout et sur tout le monde, sans prendre le moindre recul et sans aucune auto-dérision, cette suffisance et ce mépris pour ceux qui ne sont pas d'accord aussi, ce sentiment de supériorité qui induira un autre sentiment : celui d'impunité.

Le "populaire" dans ce qu'il a de plus péjoratif.

Où l'on se rend compte, pour peu que l'on jette un œil (ou deux) à la télévision ou aux réseaux sociaux, que le problème dépasse les spécificités italiennes (ou romaines en l'occurrence) mais que, sans être véritablement ancré dans une époque précise, il parvient à revêtir un caractère quasi universel du point de vue des sociétés occidentales contemporaines au final, avec la starification de la bêtise et de la méchanceté gratuite, la médiocrité intellectuelle érigée en modèle pour des victimes consentantes manipulées par l'image et qui ne sont pas assez fortes pour faire preuve d'un détachement nécessaire et trouver ça suffisamment con pour en rire.



Il réussit par ailleurs le tour de force de coucher sur papier un langage oral original et non-normé, à écrire comme ses personnages parlent...

Mention spéciale donc au collectif de traduction car la mission s'annonçait plutôt casse-gueule : chercher à traduire les fautes d'italien en fautes de français, à retranscrire les spécificités d'un langage, sa rythmique si particulière encore plus singulière ici avec le mélange des différents niveaux de langue au sein d'un même discours (un peu comme si, inversement, on cherchait à retranscrire les néologismes, les expressions idiomatiques régionales et les lapsus dans les réflexions métaphysiques de nos "Ch'tis dans n'importe quel coin du globe" en un italien argotique intelligible par tous... Chaud quoi).



Un véritable cas d'école pour les linguistes, un sujet d'études à proposer d'urgence en cours de version, qui nous rappelle à quel point le travail de traduction est passionnant, moins basé sur la connaissance des fonctions langagières que sur la sensibilité du lecteur, que tout y est sujet à débat et à interprétation, que la discussion est hyper importante dans cette tentative de coller au plus près au sens du texte, tout en s'en éloignant formellement pour essayer d'exprimer toute son essence, d'en adapter les figures de style et les sonorités dans une autre langue.

Et même si l'on n'est pas toujours totalement d'accord avec leurs choix, on ne peut que louer la démarche d'interprétation à 18 du collectif de la langue du Bourriquot.



Une pièce à lire directement une première fois en VO ou en VF, et à relire dans l'autre langue à la lumière de l'introduction cette fois-ci (qui s'avère plutôt être une analyse de l'œuvre via la démarche de traduction, très intéressante au demeurant mais qui risque de vous spoiler le texte).



Bref, merci à l'opération Masse Critique de Babelio de m'avoir permis de découvrir ce dramaturge italien (ça me change de Donato Carrisi). Il ne me reste plus qu'à trouver les 2 autres volets de sa trilogie et de guetter leur adaptation sur scène.
Lien : http://www.delacritiquehyste..
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In nome del popolo italiano : Au nom du peu..

Je ne suis pas vraiment habituée à lire du théâtre, je pense même qu'il s'agit là de ma première pièce lue du début à la fin, ou au moins la première depuis longtemps, ce qui fait que je ne sais pas trop par ou aborder cette critique.



Ce livre tout fin (moins d'une centaine de pages, une sur deux en italien, l'autre en français) se lit très vite. L'histoire, faite de flashback et de morceaux choisis d'interrogatoire, ne suit pas un ordre chronologique; on apprend d'abord certaines choses que l'on ne comprend pas et qui ne prendront tout leur sens que plusieurs (dizaines de) pages plus loin.

Ce qui en ressort? Une impression de brouillard, d’incompréhension, de désordre. Et c'est totalement l'effet recherché.

Puis, ce n'est pas la faute qu'au découpage, Giulio et Sara ne se comprennent pas, ils ne s'écoutent pas. Ils se parlent via monologues interposés, pas tant dans la forme que dans le fond. Ils suivent le chemin qu'ils se sont tracés sans accorder un seul regard à l'autre. Ils sont à la fois tout l'un pour l'autre, ils sont même trop proche pour un frère et une sœur, et seuls, égoïstes, nombrilistes. Ils sont intrusifs, surtout l'un, naïf, surtout l'une, bornés et fermés. Ils représentent une couche de la population que l'on préférerait ignorer, ils sont populaire, ils sont le peuple, avec tout ce que cela sous entend de négatif, d'aprioris et d'ignorance non assumée.

Ils sont irréels d'idiotie, de racisme, de beaufitude. Mais en même temps ils sont si proche de nous, si réaliste. Si terrifiants par cela. Et si on ne connait pas personnellement une Sara ou un Giulio on en a forcément déjà entendu parlé, on en a déjà vu dans la rue, dans les fêtes, chez des amis ou en cauchemars.

Et pas qu'à Rome, oh ça non.

Ils dépeignent avec justesse les incohérences et les défauts de la populace, du peuple d'aujourd'hui. On ne sort pas tout à fait indemne de ce texte, on se surprend à penser "Wow, si c'est comme ça que sont les romains je suis plus trop sur de vouloir retourner à Rome moi... Mais attends deux secondes, la Rome que j'ai vue ne ressemblait en rien à cette description. - En même temps tu la vue avec des yeux de touristes. Et d'enfant. Puis, honnêtement, ce que tu n'aimes pas dans ce texte c'est son adéquation avec ce que tu vois dans ta propre ville, non?"

Pas indemne je vous disais. Mais rien à voir avec la discussion des deux personnages distincts dans ma tête hein, ça c'est la norme.



Si une adaptation se fait un jour de la pièce, une adaptation jouée j'entends, je crois que je prendrais le temps d'aller la voir. Ça me plairait assez.



Si je devais néanmoins emmètre une critique, non pas à l'histoire mais à l'édition, ce serait au sujet de la préface, qui aurait été plus à sa place en post-face, parce qu'elle dévoile un peu trop de l'histoire et la lire avant la pièce est un peu dérangeant à cause de cela.



En tout cas je tiens à remercier Babelio, les Presses Universitaires du Mirail et le collectif La Langue du Bourricot pour m'avoir permis de découvrir ce livre à coté duquel je serais, sans nul doute, passée sans Masse Critique.



Points forts : La justesse dans la représentation d'un peuple malade, égocentrique, terrifiant et terriblement contemporain.

Points faibles : On apprend avant même d'ouvrir le volume qu'il s’agit d'une fratrie et non d'un couple comme c'est pourtant sous entendu du début à la fin (les spectateurs, eux , ne l'apprennent qu'à la fin de la pièce) ce qui nous empêche d''être surpris par la plus grosse révélation de l'histoire.
Lien : http://harcelemot.canalblog...
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