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Citation de Charybde2


Harjunpää écarta dans son élan les spectateurs qui lui tournaient le dos.
« Police, hurla-t-il. Arrêtez immédiatement ! »
Les deux combattants étaient des filles. Celle qui était étendue sur le sol poussait maintenant des cris perçants, essayant de se protéger le bas-ventre avec les mains. Du sang perlait à ses lèvres. Le visage de celle qui se tenait debout était couvert d’écorchures, son T-shirt était déchiré, à moitié arraché – on voyait son épaule et un petit sein immature. Elle ramena encore une fois son pied en arrière. Harjunpää lui agrippa le poignet, le tordit – la fille cria et fit quelques pas rapides sur le côté, roula entre les pieds des spectateurs massés derrière elle.
« Vous êtes folles », haleta Harjunpää, les poings serrés ; il avait l’impression qu’il aurait dû faire autre chose, mais il ne savait pas quoi – tout s’était passé si vite, il n’avait pas eu le temps de réfléchir. Du coin de l’oeil, il vit la fille qui se tenait le ventre se relever et se retirer en boitant, courbée en deux, derrière le groupe.
L’autre aussi s’était remise sur pieds. Elle se jeta sur lui, mains tendues pour lui griffer le visage. Il recula d’un pas et lui saisit les poignets ; ils tremblaient de rage et d’effort.
« De quoi tu te mêles, merde ! » cria-t-elle – son visage luisait de sueur et ses yeux étaient soudain pleins de larmes. « C’est ma sœur ! Ça regarde personne, si on se castagne entre frangines !
– Tu aurais pu la tuer !
– J’espère bien ! Ça lui aurait appris, à essayer de me piquer mon mec ! »
La fille hurlait, maintenant. Harjunpää lui lâcha les mains. Elle tomba à genoux, se cacha le visage.
Ce n’est qu’à ce moment qu’Harjunpää trouva le temps de regarder les autres. Ils étaient plus jeunes qu’il ne l’avait cru, aux alentours de la quinzaine ; il y avait en eux quelque chose de brutal, qui faisait que l’on avait du mal à les considérer comme des enfants. Harjunpää sentit qu’ils n’étaient pas de ceux qui jouaient les durs quand papa et maman avaient le dos tourné – ces jeunes-là étaient livrés à eux-mêmes depuis des années, ils connaissaient tous les centres d’éducation surveillée ; ceux qu’il cherchait pouvaient très bien se trouver parmi eux.
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