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Citation de AuroraeLibri


« On ne peut dire qu'il était un mystique au sens commun du mot, car les mystiques cherchent derrière l'apparence sensible, dont ils se sentent prisonniers un mystère plus profond qui recèle leur liberté et leur véritable être spirituel. Ce lieu secret était pour lui la région lumineuse où il vivait naturellement. C'est de là qu’il plongeait ses regards dans le monde sensible. »

Il n’y a pas dans toute la littérature, de meilleure définition de la mystique très particulière de Novalis que ces lignes de Steffens dans son Autobiographie. Elles ne traduisent pas seulement cette impression d'appartenir à un autre monde que l'auteur des « Hymnes à la Nuit » donnait à ceux qui l'approchaient et dont nous retrouvons l'écho dans de multiples témoignages contemporains, telle cette lettre de Frédéric Schlegel datant de peu après la mort de Sophie : « Hardenberg a passé quelques jours chez nous… il a sensiblement changé; son visage même s'est allongé et domine la couche terrestre comme la fiancée de Corinthe.» Steffens va plus loin. Pour lui le passage de Novalis au fameux « point de vue supérieur » ne reste pas simple sujet d'étonnement inquiet. Il en dégage la signification et aperçoit en lui le fondement de la vie intérieure de Novalis.

Ce texte gagne encore en profondeur si on le rapproche d'un fragment de Novalis lui-même :

« Toutes nos tendances paraissent n'être rien d'autre que religion appliquée. Le coeur apparaît pour ainsi dire comme l'organe religieux. Peut-être le produit supérieur du coeur productif n'est-il rien d'autre que le ciel. Quand le cœur, une fois détaché de tous les objets réels particuliers, fait de lui-même un objet idéal, alors naît la Religion. Toutes les tendances particulières s'unissent en une seule dont I’objet miraculeux est un Être supérieur, une Divinité ; c’est pourquoi une authentique crainte de Dieu englobe toute les sensations et les tendances. Ce Dieu naturel nous mange, nous enfante, nous parle, nous étreint, se laisse consommer, engendrer par nous ; bref, il est la matière infinie de activité et de notre souffrance. Si nous faisons de notre bien-aimée un tel Dieu, nous avons là de la religion appliquée. »

Fragment essentiel, car il nous montre l’orientation de la mystique de Novalis, et l'objet de celle-ci. Novalis nous dit : la religion naît de l'expérience mystique de l'homme par lui-même : « Quand le coeur fait de lui-même un objet idéal, naît la religion. » La voie mystique sera donc la voie intérieure, ce fameux « chemin mystérieux qui va vers l'intérieur » dont nous parle le fragment 16 de « Poussière d'Étamines ».
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