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Citation de ErnestLONDON


Les policiers français ont été fidèles à la consigne de l'occupant nazi, de juin 1940 à août 1944. C'est là un fait que nul ne peut sérieusement nier. (…)
Ce serait une erreur d'isoler les années noires de l'Occupation pour s'intéresser au comportement de nos forces de l’ordre. En effet, au cours des années 1930 – pour ne pas remonter plus loin dans le temps – puis durant la guerre d'Algérie, de 1954 à 1962, en mai 68 et tout au long des années Marcellin, enfin sous les ordres de Charles Pasqua, la police française s'est toujours montrée à la hauteur de la confiance que les hommes d'ordre mettent en elle.
Sur le terrain, la police n'est pas plus républicaine qu'elle n'est une institution représentative de la démocratie authentique. Elle a toujours formé un corps de fonctionnaires habitués à l'obéissance aveugle. Ces civils en uniforme ont, en chaque occasion, jugé utile d'aller au-delà des ordres reçus, d'améliorer le rendement, d’être performants. Les policiers sont pour la plupart des citoyens qui se situent au-dessus des lois qu’ils sont censés faire respecter.
Le gardien de la paix parisien n'avait pas plus d'état d’âme, le 9 février 1934, lorsqu'il fusillait à bout portant les manifestants, dans le 10e arrondissement, que lorsqu'il participait aux rafles contre les juifs immigrés dans Paris, de 1941 à 1944. (…)
Durant toutes ces périodes, la police était égale à elle-même. Avec un savoir-faire identique, quels que soient les groupes humains réprimés. Il est donc évident que le policier opérant pour le compte de la Gestapo, au temps de l'occupation, ne se sentait pas spécialement coupable de complicité de crime contre l'humanité. Livrer aux nazis des juifs immigrés, des communistes, des gaullistes ou des francs-maçons, ne lui paraissait pas particulièrement délictueux. Il contribuait simplement à “nettoyer“ la France et se faisait sans doute une haute idée de la qualité de son intervention.
De son côté, la France profonde, celle du Chagrin et la Pitié, ne pouvait accepter, longtemps après la Libération, que l'on puisse suspecter nos braves “képis“de collaboration active avec l’ennemi. L'histoire leur a d'ailleurs donner raison puisqu'en septembre et octobre 1944, guère plus de 3 % de ces policiers seront momentanément écartés de la Grande Maison.
Est-il étonnant de constater que, lors de la vaste exposition “La Préfecture de police, des origines à nos jours“, proposée aux parisiens tout au long des mois de septembre et octobre 1994, à l'occasion du cinquantenaire de la Libération de Paris, il n'était nullement fait allusion au rôle de la police durant les quatre années de l’Occupation. (…)
En ces années 1990, certains policiers se comportent avec les Maghrébins et Noirs, tout comme leurs anciens le faisaient avec les juifs, en 1942. Certes le danger n'est plus le même pour le paria, mais la pugnacité policière n'a pas varié. Et la population est toujours indifférente…
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