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Citation de art-bsurde


La question des viols est l'ultime tabou des bourreaux « repentis » - ou plutôt assumés. Je m'en étais largement rendu compte quand j'avais interrogé des membres de la soldatesque japonaise ayant participé aux massacres de Nankin. Tous ou presque reconnaissent avoir pris part aux meurtres de masse. Aucun aux viols qu'ils ont pourtant sans l'ombre d'un doute commis.
Cela se comprend. Comme Aleksynas [Nationaliste lituanien, membre d'une milice d'autodéfense ayant assisté l'Einsatzgruppen B en Biélorussie], les bourreaux se retranchent derrière la responsabilité collective et l'ordre de leurs supérieurs. Ils insistent toujours, d'une manière ou d'une autre, sur le fait qu'ils n'étaient qu'un rouage des massacres. S'ils n'y avaient pas participé, ils auraient inutilement risqué d'être sanctionnés, sinon tués, et d'autres l'auraient fait à leur place. Il en va tout autrement de la question du viol. Au-delà de l'inavouable, de la honte ressentie par tout homme qui, en temps de paix, admettrait avoir commis un viol (retournés à la vie civile, ils ont pour la plupart retrouvés une famille, des parents, une épouse, des enfants – l'aveu est de ce fait plus difficile encore), l'abus sexuel répond à un désir autant qu'à une décision individuelle. Le criminel le sait bien, et il n'y a pas là de raison impérieuse, échappant à son libre arbitre, derrière laquelle se retrancher. Or, comme à Nankin, les viols, aux abords des fosses, dans les villages pillés et raflés, dans le maelstrom infernal d'un monde qui a inversé la morale commune la plus élémentaire – en dépit des précautions maniaques et totalement incompréhensibles, pour l'exécutant lambda, prises par les maîtres allemands -, ont bien eu lieu. Les témoignages que j'ai recueillis en ce sens sont légion. Et plus la folie meurtrière, l'alcool, le sadisme gagnaient les bourreaux, plus ils se sont amplifiés. Ce fut assurément le cas en Biélorussie.
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