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Citation de candlemas


Déjà, avec la religion, on a pu constater que la différence qu'elle prétendait avaler et résoudre demeurait de plus en plus problématique au bout du compte. Il en va de même en art. Que s'est-il passé ? Les différences se sont accrues. Elles ont gagné l'ensemble des sociétés occidentales. L'individualisme et le fruit de la différenciation comme effet de la mobilité sociale. la différence fait peur alors même que chacun en profite ou s'en réclame.
La différence est aussi le concept clé du social, et même du politique. Chaque individu est différent des autres, et sa différence doit être sauvegardée et protégée. Mais elle doit aussi pouvoir s'affirmer de façon positive. Il y a un côté négatif et un côté positif au droit à la différence qui est, respectivement, le politique et le social. il ne faut pas les mélanger. La différence ne donne aucun droit social compensatoire parce que politiquement à protéger : seule la compétence autorise une circulation sociale positive, et faute de cette compétence, l'envie devient inéluctable, et si les conditions politiques se trouvent réunies, on aura le totalitarisme qui transformera en droit légitime la volonté de faire payer ceux que l'on envie, moyennant l'idéologie adéquate, comme le racisme par exemple, l'antisémitisme, la haine a priori, comme celle qui porte sur la classe, pour prendre l'exemple stalinien.
(De nos jours), la différence, mise à distance par le droit, la religion et l'économie , est régulée par eux, chacun pouvant être soi-même sans avoir à faire face à une différence qu'il ne peut assumer mais à laquelle il est néanmoins confronté, et même soumis. (...) On peut se demander si l'abolition de la différence, sa prise en charge (au sein de ces trois systèmes) se passe toujours Justement. ON dit que le marché est ce qu'il y a de mieux, que la religion assure la sérénité, que le droit est garant de la paix civile. (...) Il n'empêche. L'Histoire creuse les différences, et il n'y a aucune raison pour qu'elles ne pénètrent pas au coeur de ces systèmes, brisant l'harmonie et l'équilibre qu'ils sont censés rendre effectifs.
Ces systèmes résolvent-ils la différence ou permettent-ils à chacun de l'exprimer ? Quand on se repose cette question, on passe du systémique au pragmatique. Certains individus peuvent jouer avec le droit, l'économie et la religion, se jouer d'eux à leur profit, les investir pour exercer LEUR différence. A l'inverse d'autres peuvent utiliser ces systèmes contre les excès et les injustices issus des déséquilibres historiques, et même, s'atteler à réformer ces systèmes, dans le but d'une plus grande justice (...).
Chacun décide de façon pragmatique comment il va agir, quitte alors à se heurter à l'Autre, dans un face-à-face où l'identité et la différence vont déboucher sur les plus extrêmes passions (...). C'est ici que se noue la question des rapports entre morale, éthique et justice. (...)
Les hommes sont différents, les peuples sont différents, et on ne peut faire l'impasse sur le droit à la différence. La seule façon d'y répondre n'est pas de la nier, mais de la rendre compatible avec l'égalité de tous les hommes en tant que personnes libres.
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