Michel Moret

Si on passe le titre pompeux et les quelques poncifs sur le livre et l'édition "comme un combat" (contre les moulins sans doute), voilà un petit ouvrage qui mérite qu'on s'y attarde puisque qu'il regorge d'anecdotes sur le monde des lettres romandes à une époque où le terme "écrivain" n'avait pas encore été remplacé par "auteur", plus vague peut-être. On a toutes et tous, je l'espère, au moins un livre ou deux des éditions de l'Aire chez soi. Moi, c'est Ciel d'Allemagne d'Yvette Z'graggen (que j'ai connu comme cliente du Rameau d'Or avant son décès en 2012) et Mon suicide d'Henri Roorda - deux livres que j'ai beaucoup aimé et qui me sont arrivés dans les mains grâce au travail de Michel Moret dont le slogan aurait pu être : "plutôt trop que trop peu", à voir le riche catalogue qui n'arrête pas de s'agrandir au fil des années, avec un rythme que, il faut bien l'avouer, la plupart de mes confrères libraires n'arrivent pas à suivre. Peu importe. Moret a lu Montaigne, Camus, Tolstoï, Sophocle ou encore Giono, on lui doit d'oser la publication d'une revue (à l'heure ou presque plus personnes n'en lit - dommage) et pas mal de nouveaux auteurs romands même si le succès n'est que trop rare. L'édition comme passion et comme bravade, voilà les seuls mots d'ordre. Un bien sympathique livre sur l'édition indépendante et le portrait d'un homme en amoureux des lettres et des livres - un homme plutôt généreux car il fait partie de ces rares éditeurs qui débarquent en librairie, lors des signatures des auteurs maison, avec un ou deux cartons de bouteilles de rouge et de blanc dans les bras ! Je dis bravo.