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Citation de CalamityJah


Le Moyen Age chrétien est curieux de l'animal et en parle à tout propos, exprimant à son sujet deux courants de pensée et de sensibilité apparemment contradictoires. D'une part il lui faut opposer le plus nettement possible l'homme qui a été créé à l'image de Dieu, et la créature animale, soumise et imparfaite, sinon impure. Mais de l'autre il existe chez quelques auteurs, surtout à partir du XIIIè siècle, le sentiment, plus ou moins diffus, d'une véritable communauté des êtres vivants, et d'une parenté - pas seulement biologique - entre l'homme et l'animal.Le premier courant est dominant et explique pourquoi l'animal est si souvent sollicité ou mis en scène. Opposer systématiquement l'homme à l'animal et faire de ce dernier une créature inférieure ou un repoussoir conduit, par la force des choses, à en parler constamment, à le faire intervenir à tout propos, à en faire le lieu privilégié de toutes les métaphores et de toutes les comparaisons. Bref, à le "penser symboliquement". Il conduit également à réprimer sévèrement tout comportement qui pourrait entretenir la confusion entre l'être humain et l'espèce animale. D'où, par exemple, les interdictions, sans cesse répétées - car sans effets véritables - de se déguiser en animal, d'imiter le comportement animal, de fêter ou célébrer l'animal et, plus encore, d'entretenir avec lui des relations coupables, depuis l'affection excessive portée à certains individus domestiques jusqu'aux crimes les plus infâmes, tels ceux de sorcellerie ou de bestialité.Le second courant est plus discret mais peut-être plus riche de modernité. Il est à la fois aristotélicien et paulinien. D'Aristote, en effet, vient cette idée d'une communauté des êtres vivants, idée dispersée dans plusieurs de ses œuvres, réaffirmée dans le De anima, et dont le Moyen Age a hérité en plusieurs étapes, la dernière - le XIIIè siècle - étant la plus importante. Toutefois, en ce domaine, l'assimilation de l'héritage aristotélicien a été facilité par l'existence, au sein même de la tradition chrétienne, d'une attitude envers le monde animal qui, pour des raisons différentes, allait dans le même sens. Cette attitude, dont l'exemple le plus célèbre se trouve chez François d'Assise, tient son origine dans plusieurs versets de saint Paul, particulièrement dans un passage de l'épître aux Romains : "Si les créatures ont été assujetties, ce fut avec l'espérance d'être un jour, elles aussi, libérées de la servitude et de la corruption afin d'entrer librement dans la gloire des enfants de Dieu" (Rom. 8, 21). Cette phrase a fortement marqué tous les théologiens qui l'ont commentée. Les uns s'interrogent sur le sens de ces paroles : ils se demandent si le Christ est vraiment venu sauver toutes les créatures, et si tous les animaux sont vraiment "enfants de Dieu". Que Jésus soit né dans une étable semble à certains auteurs la preuve que le Sauveur est descendu sur terre pour sauver aussi  animaux.
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