Petit, il avait vécu la vie d’un invalide privilégié. Les précepteurs et le personnel de maison lui tenaient compagnie. Quand dehors il faisait beau, mais qu’Isak était trop faible pour marcher, les domestiques ou ses frères le portaient sur leur dos.
Si le médecin prescrivait de l’air frais, le jardinier rachitique le transportait dans la hotte de son « jige » pour aller dans le verger, où il laissait l’enfant attraper les pommes sur les braches les plus basses.
Isak pouvait presque sentir le parfum des pommes rouges, le poids des fruits dans ses mains, et le goût sucré de la première bouchée dont le jus dégoulinait sur son poignet.