Au Groenland, aucun prévenu ne restait plus de douze heures consécutives en cellule. Pour ce peuple de chasseurs nomades, la privation de liberté s’apparente à la mort. Par le passé, un nombre important de détenus s’étaient suicidés, d’autres s’étaient simplement laissés mourir de faim ou avaient dépéri de tristesse. C’est pourquoi on n’astreignait désormais les gardés à vue, comme les condamnés, à ne passer que leurs nuits en prison. Le jour, ils étaient libres de circuler comme bon leur semblait, avant de pointer de nouveau le soir suivant, au plus tard à vingt et une heures trente. Certains d’entre eux poursuivaient même une activité professionnelle et une vie familiale parfaitement normales ; rien ne les distinguait en apparence des citoyens ordinaires.