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Citation de Mimosa75


Il lui faut quelques instants pour comprendre la signification de cette phrase. Elle reste silencieuse, angoissée. Ainsi, Philippe savait ? Il savait que Boskournoff avait été son mauvais ange, son cauchemar. Il savait qu’elle avait souffert, qu’elle avait pleuré et ce soir, il n’avait pu la soustraire à ce tourment, cette nouvelle épreuve.
Des larmes coulent sur ses joues. Philippe lui apparaît comme un tortionnaire. Elle le découvre bas, vil, immonde.
— Vous saviez, murmure-t-elle. Alors, pourquoi avoir agi de la sorte ? Pourquoi avoir désiré me confondre avec une simple catin ?
— Pour vous punir, Judith. Pour vous apprendre que je ne tolère aucun détour, aucun écart, aucune dissimulation. Je ne transige jamais. Si vous ne pouvez vous passer de me mentir et de me prendre pour un imbécile, alors sachez que ce qui vient de se produire au bois de Boulogne, n’est qu’une tendre chiquenaude à côté de ce qui vous attend. Et maintenant dormez, vous avez besoin de reprendre des forces. Demain, vous devrez affronter la presse et j’ai le sentiment qu’il ne s’agira d’une partie de plaisir.
Il s’éloigne. Judith le suit des yeux. Elle le trouve laid, elle le trouve ridicule avec ses jambes maigres et ses vêtements sur le bras. Elle voudrait hurler, elle voudrait lui dire qu’il est horrible et qu’elle le déteste, mais elle reste digne et attend qu’il ait fermé la porte pour cacher son visage dans les coussins.
Longtemps, Judith est restée immobile, prostrée dans son chagrin, sa nouvelle déception. Puis, elle a quitté la place, elle s’est glissée hors du lit. Elle ne peut se résoudre à dormir dans cette chambre, dans cet appartement, auprès de cet homme qui soudain lui fait peur. Son cœur bat très fort tandis qu’elle traverse le salon. Les yeux grands ouverts dans la pénombre, elle est allée sans bruit. Mais, au moment où elle arrive devant la porte de communication, elle pousse un cri de frayeur. Philippe est devant elle, immense, redoutable. Elle recule en tremblant.
— Je savais bien que vous alliez me fausser compagnie. À quoi jouez-vous ? Est-ce que la lutte et la jalousie sont des prétextes pour vous maintenir en bonne condition, en excellente forme ?
Sans savoir ce qui lui arrive, elle s’est retrouvée dans les bras de Dhérault, qui se dirige vers la chambre.
— Il est inutile de chercher à me fuir toutes les fois que nous avons un petit différend. Cela ne sert à rien, puisque vous me reviendrez toujours...
Il se trouve au-dessus du lit et la regarde. Il est à la fois tendre et moqueur.
— N’est-il pas vrai, Judith ? Vous me reviendrez toujours, ou je vous forcerai à me revenir, cela est exactement la même chose... En ce qui me concerne, je croyais que les promesses étaient de vaines paroles, qui ne peuvent jamais être tenues. Je pensais que le moment présent était la seule réalité, l’unique vérité. J’étais persuadé que l’amour était un dieu mutin, espiègle et capricieux, qui change vite de cap et souvent de visage...
Sa voix est devenue de plus en plus lente, captivante, grave. Ils se contemplent, leurs lèvres se frôlent. Elle chuchote dans un souffle :
— Cela veut dire ?
— Rien !
Il ouvre les bras et elle bascule sur la couche.
— Et maintenant, dormez ! Je crois que c’est suffisant pour cette nuit !
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