Morgan Bréhinier

Le chanbara est un genre cinématographique que j’ai découvert relativement tardivement, il y a environ une vingtaine d’années. Il faut dire que, sorti de cinéastes internationalement reconnus comme Kurosawa, les œuvres disponibles n’étaient pas si nombreuses que ça. Depuis, des éditeurs dvd de qualité ont fait un beau travail et ont sorti pas mal de films de différents cinéastes. J’ai ainsi pu découvrir Misumi, Gosha ou encore Kobayashi. C’est un genre qui m’a immédiatement séduite tant il regorge de propositions mêlant parfaitement divertissement et dimension artistique. Lorsque j’ai vu qu’était proposé lors de la dernière masse critique non-fiction un ouvrage sur le chanbara je me suis empressée de le cocher. A vrai dire, c’est même le seul livre pour lequel j’avais candidaté, c’est dire si je souhaitais le recevoir.



Il s’agit d’un ouvrage assez exigeant, le ton est assez universitaire et parfois technique. Il s’adresse clairement à des gens connaissant le genre. Même s’il aborde son sujet principalement à travers des films connus et aisés à visionner, il faut avoir vu les films pour apprécier le propos à sa juste valeur. Ce qui ne m’a pas empêchée d’être intéressée également par les chapitres portant sur des films que je n’ai pas vus, notamment les plus anciens (j’ai noté plein de titres) mais certaines analyses ne seront parlantes que si on a visionné certains des films évoqués.

Le sommaire est riche et s’attache à évoquer des motifs du chanbara divers et variés, parfois inattendus. Ainsi, un chapitre va s’intéresser à la façon dont le regard de l’acteur Tatsuya Nakadai a été utilisé par les metteurs en scène dans les scènes d’affrontement, un autre, vraiment passionnant, va évoquer l’évolution du son dans ces films, entre épuration et exagération, un autre évoquera différentes figures emblématiques du genre, de Musahi Miyamoto à Zatoichi en passant par la riche palette de personnages des « 7 samouraïs », un chapitre est consacré aux armes à feu dans les chanbara, etc.... Au cours de plusieurs chapitres, les auteurs explorent les thèmes du chanbara, tout particulièrement celui qui présente des personnages partagés entre des impératifs moraux contradictoires, entre giri (obligation sociale envers la société et/ou le maître) et ninjo (inclination personnelle), thème qui trouve des résonnances avec des considérations contemporaines. D’autres thèmes, tout aussi intéressants, sont également abordés régulièrement dans les chanbara, comme par exemple la nécessité du recours à la violence ou encore la notion de sacrifice.



Le livre n’est pas toujours facile à lire. En fait, souvent je me suis dit qu’il faudrait que j’ai la scène dépeinte sous les yeux pour apprécier pleinement l’analyse qui en est faite par les auteurs. Ce n’est pas là un bémol à mon enthousiasme face à ce livre, je l’ai vraiment énormément apprécié. A l’issue de ma lecture, j’ai eu envie de revoir certains films (j’ai d’ailleurs déjà revu « Sanjuro » de Kurosawa) et d’en découvrir plein d’autres. Je remercie vivement Babelio et les éditions Presses Universitaires de Strasbourg pour m’avoir offert ce livre vers lequel je reviendrai, c’est certain, en tout cas à chaque visionnage d’un film du genre.

Attention, néophytes s'abstenir à moins de s'être dûment échauffés avant de se lancer ! Le vocabulaire est aussi pointu que massif, aborde très volontiers des notions culturelles très propres à l'archipel pour tracer des parallèles très pertinents sur des analyses au cordeau.



Et malgré ce souci de la précision, l'enthousiasme que ces chercheur•euse•s ont pour leur sujet d'étude dynamise leur approche – qu'il aurait été criminel de faire aride pour ces films.



Je ne suis pas consommatrice de chanbara ; toutefois, habituée des autres genres et exploratrice curieuse des arts, j'ai retrouvé des concepts familiers qui ont été utiles pour que ce livre me serve de tremplin vers un pan du cinéma et des autres médias à côté duquel j'avais tendance à passer.



Merci aux Presses Universitaires de Strasbourg et à l'opération Masse Critique pour cette découverte aussi pointue que sourcée avec soin.

Peu familière des films de sabre japonais, j’étais très curieuse de découvrir ce livre. J’ai donc été ravie de le recevoir ! Un grand merci à Babelio et aux Presses universitaires de Strasbourg.



C’est une lecture exigeante, pas tant par sa taille (les romans que je lis sont bien souvent plus longs !) que par la richesse et la profondeur de son propos. Heureusement pour moi, ma connaissance du Japon a un peu compensé ma méconnaissance du sujet et de son vocabulaire technique ! J’y ai appris énormément de choses, et surtout cela m’a donné envie de regarder certains des films qui sont mentionnés, comme Yojinbo, Baby Cart ou encore Yotsuya Kaidan.



Le délai laissé par l’opération Masse critique me paraît un peu court pour réellement apprécier un ouvrage comme celui-ci. J’ai donc bien l’intention de le relire plus tranquillement, car je ne doute pas d’être passée à côté de certains éléments ou de certaines analyses.



J’ai cependant vraiment apprécié la diversité des sujets abordés, ainsi que le fait que des expressions plus modernes du film de sabre traditionnel aient aussi été prises en compte (comme les mangas et les jeux vidéo).