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Citation de art-bsurde


Je me souviens qu'à cette époque j'étais, je ne sais pourquoi, fortement attiré par des choses à la fois belles et misérables. Comme paysages, j'aimais les quartiers délabrés, et dans ces quartiers, à la froideur des artères principales, je préférais l'intimité des ruelles de derrière avec le pauvre linge qui sèche, le bric-à-brac des vieilleries qui traînent, et les intérieurs sordides entrevus au passage. Rongés par la pluie et le vent, avec leurs murs en pisé à moitié effondrés et leurs façades mal alignées, ces quartiers qui retourneront bientôt à la terre ont leur cachet : seules les plantes y sont vigoureuses, et on est surpris tantôt par un tournesol, tantôt par un canna en fleur.
De temps en temps,en marchant dans de telles rues, je m’efforçais de créer l'illusion que soudain ce n'était plus Kyôto, mais par exemple Sendai ou Nagasaki, à plusieurs centaines de lieues, et que j'étais maintenant dans une de ces villes. - Si cela avait été possible, j'aurais voulu fuir de cet endroit pour aller dans un ailleurs inconnu. Tout d'abord, le repos complet. Une chambre dans un hôtel désert. La literie immaculée. La moustiquaire qui sent bon et le kimono de coton bien empesé. Rester là un bons mois, allongé, sans penser à rien. Ah! Si l'endroit où je me trouvais était devenu tout d'un coup cette autre ville ! - Quand enfin l'hallucination commençait à prendre corps, je la peignais touche par touche aux couleurs de mon imagination. C'était tout simplement la superposition de cette hallucination et du quartier en décomposition. Et je trouvais de la jouissance à y perdre mon moi réel.

« Le citron »
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