Un jour, nous sommes tous arrivés en France, où nous avons retrouvé mon père. J’avais quatre ou cinq ans : je me souviens encore du départ, de la tristesse, du déchirement. Quitter le pays. Quitter le pays de l’enfance, avec mes vêtements, mes amis, mes chèvres, la pièce et la poussière, avec les mots. Allez, écris-le, Najat : quitter ton pays. Aussi. Et ta langue. Car je parlais berbère alors, comme ma mère. Et assez vite, le français a tout emporté.