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Citation de sld09


Une heure avant le coucher du soleil, le premier des navires d'Arthur se glissa dans le port breton sur une mer lisse comme du verre. Une foule immense était massée sur la rive, les hommes se battant pour mieux voir, les chevaux renâclant, les bannières flottant dans la clameur des cris de bienvenue :
«Arthur ! Arthur ! Arthur de Bretagne !»
Galaad se tenait à l'écart du groupe réuni autour du Roi. Il n'avait plus vu le sol de la Petite Bretagne depuis cet affreux voyage, cinq ans auparavant, qui s'était terminé par la mort de Gareth et le bannissement de Lancelot. Accoudé au bastingage, il examinait les innombrables étendards et repéra, dans la lumière déclinante, le Sanglier Noir d'Armorique au-dessus des hommes du Roi Hoel. Il doutait que ce vieux guerrier soit là en personne... ils étaient probablement menés par Riderch, le fils aîné d'Hoel, un homme plus âgé qu'Arthur mais qui n'était encore que prince. Et là-bas... oui, c'était bien celui qu'il cherchait : le Faucon de Lanascol frémissant fièrement dans la brise du soir. Il se pencha en avant, cherchant fiévreusement le visage qu'il redoutait tant de voir. Mais c'était son oncle Galyn qui était à la tête des troupes de Lancelot. Il lui adressa un signe mais Galyn, dont l'attention était fixée sur le Haut Roi, ne le vit pas.Le navire se rangea le long du quai , les grandes aussières furent jetées et nouées. Hommes et bêtes s'agitèrent tandis que débutait la procession du débar­quement : Arthur en tête, avec Mordred et Gauvain sur ses talons, accompagnés par tous les rois et princes de Bretagne et leurs suites. Après une brève cérémonie d'accueil que Galaad, trop éloigné, n'entendit pas, un cheval fut amené au Haut Roi qui s'éloigna lentement en compagnie du Prince Riderch, les troupes massées l'escortant au pas hors de la ville.Le déchargement du navire allait prendre la moitié de la nuit. Les autres vaisseaux n'arriveraient que le lendemain matin. L'armée, après avoir établi son cam­pement, ne pourrait pas se mettre en route vers Kerrec avant trois jours au moins. Il avait amplement le temps. Pourtant, Galaad courait sur la rive, se frayant un che­min à travers les soldats, les pages et les serviteurs, la foule des marchands cherchant à vendre toutes sortes de choses : des sucreries, des babioles, des brassières en cuivre, de mauvaises dagues pour les imprudents, des charmes et des talismans de victoire pour les super­stitieux, des chopes de bière pour les assoiffés et du cuir sous toutes ses formes : sandales, bottes, fourreaux et gants épais. Il traversa cette populace pour rejoindre l'endroit où il avait aperçu les hommes de Lanascol.
Ils n'y étaient plus. Il se retrouva seul dans cette masse braillarde, là où Galyn s'était tenu à peine vingt minutes plus tôt. Ils ne l'avaient pas attendu. Lente­ment, il revint sur ses pas vers le quai. Ils devaient probablement penser qu'Arthur l'avait laissé à Camelot. Après tout, à quoi pourrait-il bien être utile ? Il n'avait que quatorze ans, il lui manquait une année tout juste pour servir dans l'armée. Dans la glorieuse bataille qui s'annonçait, il ne pourrait jouer aucun rôle.
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