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Citation de Sachenka


Un matin, [Racine] décide qu'aller voir la mer le distraira. Il galope longtemps, le regard fixé sur l'horizon.
C'est un drapé bleu et vert qui se soulève de part en part, une nappe qu'on a dressée sur les confins pour que les hommes circulent, voyagent, se rapprochent, s'éloignent ou se perdent. Comme Ulysse. Plus que les forêts, les plaines, les vallées, la mer le rend sensible à l'idée de bords. Les histoires ne sont jamais plus belles, se dit-il, que lorsqu'elles se tendent d'un bord à l'autre, lorsque les mers séparent. Les océans permettent d'imaginer des dénouements où l'on s'échoue, chacun de son côté, sur des bords opposés. Les Anciens le savaient. Il n'est aucune élégie ni tragédie sans les mers. C'est une chose de le lire, une autre de le sentir. Autrefois il ne visualisait l'élégie qu'en fonction des fleuves et des rivières, selon une pente, un écoulement, un courant dynamique. À présent, c'est aussi une étendue plane qui sépare de ce que l'on désire, une masse qui engloutit ce que l'on perd, un regard qui pleure l'autre bord sans pouvoir le rejoindre.
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