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Payot - Marque Page - Nathalie Minne - le petit voleur de temps.
C'est l'été.
Les grillons et les hautes herbes
crissent dans le soleil.
Il règne cette odeur sèche
qui n'existe pas sous les arbres.
Le petit garçon de la forêt hésite
à sortir de l'ombre.
Puis il s'avance et cueille
ces fleurs rouges qui poussent
en pleine lumière.
Il attend son nouvel ami
qui vient du village.
A l'automne, son ami vient jusqu'à sa cabane dans la forêt. Le vent souffle très fort et les arbres craquent. Les deux garçons ont du mal à avancer à cause des bourrasques et des branches tombées. Mais une fois à l'abri, ils oublient tout et se racontent des histoires de monstres et de fantômes. Cette fois personne n'a vraiment peur.
Un beau jour, le petit voleur rencontre une petite fille. Il reste sans voix. Les mots qu'il a patiemment apprivoisés ne peuvent plus servir.
Il doit voler d'autres mots...
... des mots d'amour.
Ils apprendront les mois pour imaginer d'autres saisons.
Les mots, les enfants s'en servent pour faire rire leurs amis, les parents pour caresser et faire sourire leurs enfants.
Le soir, lorsque la lune éclaire le chemin, le petit voleur de mots sort avec son équipement et marche jusqu'au village. Là, guettant les éclats de voix et de lumière pour ne pas être vu, il se hisse sur les toits.
La récolte peut commencer....
Alors, le petit voleur de mots les trie, et les range dans des bocaux à bonbons.
Ensuite, il essaie des recettes; 2 mots doux, 3 mouillés, 1 piquant et 2 chauds. Il mélange le tout et le jette en l'air. Et là, le hasard tresse des nattes de louanges, tisse des écharpes d'injures, tricote des chaussettes d'explications compliquées.
« Les petits biscornus n’ont jamais rien vu d’aussi beau. « Qu’est-ce que c’est? » se demandent-ils. Ils écoutent, sentent et touchent la chose. C’est silencieux, léger comme un ballon. Les petits biscornus ont tout de suite envie de l’appeler « Lune », simplement parce qu’est joli. »
Quel plaisir de voir où poser ses bottes, et surtout de ne plus avoir peur de se perdre dans le noir !
Il restait peu à attendre, mais le temps semblait ralentir. Les secondes battaient comme l'énorme cœur d'un ours endormi par le froid de l'hiver.
Le sommeil le fuyait et il regardait la nuit les étoiles tourner.
C'était avant jeudi.
Jeudi c'était demain.