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Citation de PetiteBichette


Un jour j'ai compris que c'était terminé tout ça, le viol, l'enfance, la famille. Maintenant je pouvais partir vivre ma vie. J'ai cru que j'étais libre. Mais on n'est jamais complètement libre, puisque rien ne finit vraiment et que si on devient quelqu'un d'autre, cette part de nuit continue son chemin elle aussi. Il n'était plus là. Il ne pouvait plus m'atteindre. Je pouvais sortir dans le monde, rencontrer des gens, parler, rire, sans qu'il ne vienne plus jamais me reprendre. Seulement, partout où j'allais, à n'importe quel moment, je tournais la tête et je voyais son ombre. […] La prédation sexuelle n'est pas tant liée au plaisir physique qu’à une relation de domination, c'est à dire de pouvoir. Ils choisissent cette agression-là parce que c'est une manière de dominer, d’assujettir l'autre, qui va au-delà des autres formes possibles.
Il avait sur moi une toute-puissance qui lui donnait pendant le temps des viols la sensation d'être un surhomme. Il pouvait décider de ma vie ou de ma mort. Cette identité de monstre qu’ils rejettent tous ensuite, à un moment donné, ils l'ont incarnée avec une jouissance folle. Être un monstre, une fois que la société vous regarde, c'est être un sous-homme, mais quand personne ne vous voit c'est l'inverse, vous êtes un roi.
(p.163-164-165)
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