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Critiques de Niagalé Bagayoko-Penone (1)
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Afrique : les stratégies française et américaine

L’imposante thèse de Niagalé Bagayoko, opportunément couronnée par le prix 2003 de la recherche universitaire de l’IHEDN, expose les politiques militaires française et américaine en Afrique de l’Ouest. Elle décrit une double évolution.



D’un côté, les Etats-Unis s’investissent de plus en plus sur le continent africain. Cet intérêt est récent. Pendant la guerre froide, les Etats-Unis s’en sont largement remis à la France pour assurer la stabilité de ses anciennes colonies et endiguer la montée du communisme. Depuis les années 90, les Etats-Unis ne peuvent plus se désintéresser d’un continent qui fournit une part croissante de ses importations pétrolières et peut offrir un havre au terrorisme, soit qu’il soit activement soutenu par des Etats-voyous (Libye, Soudan), soit qu’il prolifère dans les ruines des "collapsed states". Du coup, le Pentagone, longtemps très en retrait, s’est massivement investi sur le continent africain, conduisant à une marginalisation du State Department que Mme Bagayoko surestime peut-être.



De l’autre côté, la France a pu sembler un temps renoncer à intervenir dans son « pré carré ». Avec le gouvernement Jospin, la « normalisation » de la politique africaine est consacrée par l’absorption de la Coopération au sein du Ministère des Affaires étrangères. Le refus de porter concours à Henri Konan Bédié en décembre 1999 semble marquer l’abandon d’une posture interventionniste. Pourtant, la victoire de la droite en 2002 et l’arrivée de Dominique de Villepin à la tête de la diplomatie française semblent marquer le retour à une politique africaine plus active : seule ou accompagnée, la France intervient en Côte d’Ivoire (Opération Licorne) ou en Ituri (opération Artémis).



Pour autant, les postures militaires américaine et française en Afrique présentent d’importantes similarités. La plus importante est l’accent mis sur la dimension régionale. La promotion d’un « ordre régional de sécurité » en Afrique de l’Ouest, via la CEDEAO notamment, résulte de la prise de conscience d’un « complexe régional de sécurité » caractérisé par la faiblesse des structures gouvernementales et la purulence des conflits infra-étatiques. En France comme aux Etats-Unis, la priorité a été au renforcement des capacités régionales africaines de maintien de la paix. Les programmes ACRI (African Crisis Response Initiative) et RECAMP (Renforcement des capacités Africaines de maintien de la Paix) ont été lancés en 1996 et en 1997 et ont enregistré un certain succès politique. Mais le bilan opérationnel n’est pas aussi satisfaisant : ces programmes mettent l’accent sur la formation des hommes – assurée, dans le RECAMP, par des écoles africaines à vocation régionale – alors que les besoins les plus criants sont la fourniture d’équipements et de matériels.

Surtout, les programmes mis en œuvre tant par la France que par les Etats-Unis divergent sur deux points. Le premier est la place à donner au Nigeria dans la sous-région : si les Etats-Unis veulent l’ériger en pays-pivot, la France cherche avant tout à éviter la dilution des Etats francophones dans la région. Le second est le concept de gestion civiles des crises. Les conceptions américaines qui guident la doctrine des Operations Other than Wars (OOTW) mise en œuvre en Afrique restent encore essentiellement guerrières. La France et, sous son influence, l’Union européenne, ont au contraire développé une approche beaucoup moins militarisée des crises africaines. La doctrine française dite de « maîtrise de la violence » donne une place importante aux forces de gendarmerie – au risque parfois, signale N. Bagayoko, de militariser le maintien de l’ordre – qui sont mieux à même de faire face à ce type de conflictualité
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