Quand elle était plus petite, elle voyait des cartes sur le pare-brise quand il pleuvait lors des trajets en voiture. La géographie des gouttes brillantes lui promettait des paysages inédits, des lieux inconnus ou des trésors. Puis un coup d'essuie-glace balayait le tout, et elle regardait un nouveau monde éphémère se constituer, disparaître, être oublié. Parfois, elle saisissait des paysages d'une si grande beauté qu'elle pleurait silencieusement en les voyant s'effacer. Elle s’efforçait de les mémoriser, d'en conserver ne serait-ce qu'un fragment, mais le spectacle continuait, et d'autres merveilles insaisissables venaient prendre le relais un instant des splendeurs perdues.