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J'avais fait le tour de la cathédrale, détaillé chaque verrière en limitant mon intérêt à celles du XIIe et du XIIIe siècle et en n'accordant qu'un coup d'oeil distrait et vaguement méprisant aux vitraux plus tardifs. Si grand est le snobisme de l'enfant qui croit tout ce qu'on lui dit, qu'un art dépouillé est plus admirable qu'un art raffiné, que l'art roman est plus beau que l'art gothique, et que la valeur d'une oeuvre d'art doit être mise en question dès que les adjectifs gracieux, précieux, exquis, ravissant et même joli sont nécessaires pour la caractériser. Je ne savais pas que la Renaissance était ma véritable époque, celle qui correspond à mon goût profond du luxe. Jamais je n'aurais osé avouer que je préférais sécrètement le détail émouvant à la beauté pure. Maintenant, je suis moins intransigeant, mes opinions sont beaucoup plus nuancées. Je ne désapprouve plus systématiquement la "facilité", e commence à avoir mauvais goût, c'est bon signe.