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Critiques de Olivier Ertzscheid (9)
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L'école sans école

En France, l’école (l’instruction) est gratuite et obligatoire alors que se passe t-il quand, du jour au lendemain, tous les établissements scolaires ferment leurs portes en même temps pour une durée

indéterminée ? Comment les élèves, de tous âges, vivent-ils cette situation inédite? Comment les enseignants s’adaptent-ils pour honorer leur mission de transmission des connaissances ? Comment réagissent les parents mis devant ce fait accompli sans préavis aucun ?

Les contributions (articles d’auteurs différents sur un même thème) réunies dans cet ouvrage tentent de répondre à ces questions et nous livrent témoignages et réflexions des acteurs d’un scénario pour le moins inattendu, l’école sans l’école, titre très évocateur de ce document qui ne s’adresse pas seulement aux enseignants mais à toute personne s’intéressant un tant soi peu à l’éducation.

Première qualité de ces articles, la diversité des auteurs : chercheurs en éducation, psychologues, professeurs documentalistes, professeurs des écoles, porte-parole de syndicat de parents, élèves de collèges ou de lycée… . Tous ont cherché à partager leurs ressentis et leurs doutes pendant le premier confinement de 2020 pour raison sanitaire, ceci de façon très sincère, sans langue de bois, n’en déplaise au ministre de l’Éducation qui lui, serinait haut et fort que l’école était prête à mettre en œuvre très rapidement la continuité pédagogique ! Que nenni monsieur Blanquer ! Votre optimisme vous égare, et que faites-vous des enseignants mal formés au numérique, des serveurs qui ne suivent pas le rythme des connexions, des familles précaires et mal équipées en matériel informatique ?

Moi aussi, j’ai été confrontée à toutes ces difficultés car j’enseignais encore à ce moment-là et j’ai fait les mêmes constats. J’ai aussi relevé de nombreux points communs entre ces articles et mon expérience professionnelle : l’anxiété procurée par cette situation, la rapidité avec laquelle il a fallu s’adapter, l’appropriation en un temps record d’outils numériques jamais utilisés et la méconnaissance des logiciels libres, l’implication de certains parents, la difficulté à motiver les élèves, l’isolement de certains évidemment les plus fragiles, le creusement des inégalités…

Et si certains articles sont un peu plus complexes à comprendre que d’autres, tous ont le mérite d’être accessibles et c’est la deuxième grande qualité de ce document.

Et bien sûr, ma conclusion rejoint celle de cet ouvrage, l’école n’est pas seulement un lieu de transmission de savoirs académiques, c’est le lieu où on apprend à communiquer avec les autres, à respecter autrui, à être autonome, à développer son esprit critique, à affiner son jugement, en une phrase à devenir un citoyen libre et responsable.

Vous aurez compris que je recommande vivement ce livre et remercie son éditeur qui me l’a envoyé dans le cadre de masse critique. (Et vous pourrez constater si vous me lisez que je ne loue pas toujours les ouvrages que je reçois gratuitement)





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Le monde selon Zuckerberg

Ouvrage essentiel sur les 30 ans du web et l'évolution du monde numérique où l'on est passé de la consultation sérendipitaire, hasardeuse via les liens hypertextes au modèle actuel des grandes plateformes nous enferment dans des bulles de filtre et dont les algorithmes renforcent les croyances de chacun.

Les GAFAM, et plus particulièrement Facebook, y sont décryptés et mis en perspective pour mieux comprendre le monde actuel et notamment la politique.

Des portraits des grands acteurs du web, présents et passés, permettant d'aborder l'histoire de web et ses grandes révolutions.

Tous les grands enjeux sont abordés : architectures des grandes plateformes, algorithmes, censure numérique, vie privée, accès à l'information, réseaux sociaux, publicité et données obtenues, politique, opinion et bulles de filtre, éducation...



De courts chapitres allant à l'essentiel, un raisonnement clair et étayé, des exemples et des références foisonnantes, un style limpide et percutant.



Une lecture incontournable qui pousse à la réflexion sur ses propres pratiques.
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Le monde selon Zuckerberg

Leur pouvoir c’est le nombre



Des portraits et les réalités de projets politiques qui ne peuvent être considérés comme émancipateurs. Des technologies qui enserrent et réduisent les possibles sous les masques prometteurs de la liberté et du partage. Olivier Ertzscheid à travers une série de portraits (le monde selon Mark Zuckerberg, Sergueï Brin et Larry Page, des névrosés obsessionnels, Apostolos Gerasoulis, mon quadrisaïeul, selon Tim Berners-Lee, les lanceurs d’alerte) puis de préjudices (La fonction crée l’organe et l’architecture (technique) les usages ; Quand les mots ont un prix, ils cessent d’avoir un sens ; L’enfer, c’est le numérique des autres ; Ce qui est « donnée » n’est pas ce qui est obtenu ; Des technologies et des hommes ; Citoyens dans la brume de la surveillance ; Du cyberespace aux réseaux sociaux : itinéraire d’une régression ; Trois grandes révolutions ; Espace public, espace privé ; Le monde selon « l’opinion » ; La guerre c’est la paix et la démocratie c’est la publicité ; Une urgence démocratique) redonne une vision politique d’un monde numérique trop souvent réduit à de simples technologies. L’auteur décrypte le rôle des méga-plateformes, la captation de l’attention, l’exploitation lucrative des données, les prétentions à la chose et à l’utilité publique, etc.



L’auteur propose aussi des alternatives et des pistes de réflexions pour le démantèlement de ces monstres privatifs et pour l’appropriation collective.



Je choisis subjectivement de mettre l’accent sur certaines analyses.



Facebook et ses utilisateurs/utilisatrices, son modèle de plateforme privée et la prétention à une chose publique, « Sans que jamais elle ne se départît ni de son modèle économique publicitaire toxique, né de l’arbitraire de toutes les règles privées qui constituent l’ossature de ses conditions générales d’utilisation (les CGTU) », des choix conçus et arbitrés au sein d’une plateforme « pour que la dimension citoyenne d’une information, d’un engagement, d’une mobilisation, serve d’abord et avant tout les intérêts économiques de la firme », la capacité à générer et à favoriser certaines interactions…



Google, « En grandissant, et comme grandissaient également le nombre de ses utilisateurs et des requêtes quotidiennes, le moteur n’a plus simplement cherché à deviner quelle était la question que nous nous posions pour y apporter la réponse la plus pertinente parce que la plus populaire, mais il est devenu un moteur de « réponses » plus qu’un moteur de « recherche » », la publicité comme première source de revenus du moteur de recherche, un « chemin de renoncement »…



Olivier Ertzscheid analyse les fantasmes de toute-puissance, la pensée réduite au « calculatoire », les réponses « techniques, calculatoires et déshumanisées », le monde des algorithmes choisis par certains, « un algorithme est une suite de décisions et ces décisions sont toujours mises en place, définies et validées par des individus poursuivant un objectif déterminé », le classement comme représentation du monde et comme forme d’éditorialisation, la subjectivité et le flou induits par la hierarchisation suivant la « popularité », « Rien ne permet de questionner, d’auditer, de rendre transparent ce processus qui est aujourd’hui absolument déterminant dans la construction d’une culture commune et dans la manière donc, de faire société », les instrumentalisations en termes de fabrique de l’opinion, le prosélytisme derrière le masque de la neutralité…



Je souligne une question mise en avant : « Qu’arrivera-t-il si vous répondez mal au mot « amour » ou « ouragan » ? Et surtout, qu’arrivera-t-il, et à qui, si vous répondez mal au mot « avortement » ? »



L’auteur aborde l’asymétrie dans laquelle se trouvent les utilisateurs et utilisatrices des grandes infrastructures d’Internet, le « raccourcissement » du temps, la massification des usages, l’inquiétant et l’intranquillité, les enjeux de la surveillance globale, le retour de formes « archaïques de travail à la tâche », l’édification de « chemin le plus souvent tracé et balisé pour maximiser » la rente « attentionnelle et publicitaire », les architectures techniques toxiques…



Dans la seconde partie, Olivier Ertzscheid discute, entre autres, de structuration technique et de ses usages, de communication, des usages inattendus, d’affordances et de potentialités, « Nous sommes les premières affordances de ces architecture techniques tout autant qu’elles sont nôtres », de régime de surveillance généralisée, de proximité et de promiscuité, de la langue devenue outil spéculatif, de régimes de vérité, d’affects et possibilité de « vendre nos émotions à la découpe », de la construction d’une forme d’injonction relativiste, de complaisance « affinitaire centrée sur des opinions similaires », de l’illusion de la majorité, « L’illusion de la majorité est ce qui nous fait percevoir comme commun ou très répandu un phénomène ou une information qui est en fait très rare ou très peu diffusé », des algorithmes de popularité, de marges attentionnelles, des logiques de rediffusion, d’infrastructure numérique massive de surveillance, de mathématisation du monde, de chiffrement, des « obtenus » qui ne sont jamais des « donnés », de priorité donnée à l’inhabituel ou à ce qui semble être populaire, de défilement sur le mur, de concentration et de polarisation, d’hystérisation des prises de paroles individuelles, « les logiques de polarisation, d’hystérisation et de viralisation des espaces privés l’emportent en lecture et en écriture sur les logiques d’autorégulation de l’espace public », des personnes et non plus des documents, du suivi plutôt que de navigation, d’ingénierie sociale calculatoire fabricant « le sentiment d’importance et d’appartenance », de disponibilité attentionnelle plutôt que de temporalité de la recherche, de régurgitation publicitaire, des états du numériques et ce qui « contribue à rendre anecdotique les régimes de surveillance »…



Je souligne notamment le chapitre « Espace public, espace privé », le rôle politique des plateformes, leur capacité à attirer et sédimenter « des volumes et des formes inédites d’expression dans une temporalité extrêmement réduite et de décliner ensuite l’exploitation de ces discours sous une forme publicitaire dans une temporalité cette fois extrêmement longue », l’éditorialisation même si elle est niée, la modification de notre rapport à l’espace public, les excroissances de nature privée, les inscriptions descriptions de soi, « Symboliquement cela nous prépare à une forme de schizophrénie qui pour toute inscription nécessite d’abord une description. En se dé-crivant dans cet espace privé pour s’y inscrire on se dés-inscrit aussi progressivement d’un espace public que l’on décrie », les espaces reconfigurés, « L’excroissance initiale de ces espaces privés sur cette extension de l’espace public qu’est le web va s’étendre jusqu’à venir grignoter presque entièrement ce dernier et pour s’y substituer »…



L’auteur développe des propositions sur la régulation, le réseau « ouvert de documents et de personnes », la décentralisation, la délibération publique en dehors du cadre marchand, les possibilité de partage et d’expression, le domaine public et les licences dites « libres », les choix politiques des organisations techniques, les pensées de ce qui est présenté comme impensable ou neutre, « analyser les problèmes, limites et risques que la technologie elle-même peut poser ou engendrer », les formes de socialisation permettant de « ramener ces plateformes au statut et au rang d’un service public », les règles coercitives de régulation, l’éducation à la culture numérique, « s’indigner sans s’informer ne fabrique qu’une colère rance », l’urgence démocratique…



« Si l’on veut agir sur « le numérique » pour en multiplier les effets émancipateurs et limiter l’atteinte aux libertés publiques, il faut être capables de penser ces différents états non plus isolément ou comme une succession linéaire mais comme un faisceau d’interactions en dynamique permanente, C’est-à-dire agir à la fois sur la matérialité des architectures techniques, sur l’impact de nature environnementale de ce que ces architectures dégagent et inaugurent comme écologie de l’esprit, et enfin sur les normes d’usages et de comportements qu’elles modèlent et font converger pour alimenter le grand fleuve de la surveillance comme autant d’affluents dociles et disciplinés ».




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L'appétit des géants

ous les murs du monde ne répareront jamais ceux des châteaux de sable que des enfants ne construiront plus



Dans sa préface, « Il n’y a pas d’algorithme »,Antonio A. Casilli parle du livre comme « un chasseur qui traque deux proies : l’une est la généalogie des grandes plateformes, l’autre cet attracteur d’inquiétudes politiques connu sous le nom d’« algorithme ». Les deux thèmes de sa quête intellectuelle sont on ne peut plus différents. Le premier est par trop sur le devant de la scène, l’autre furtif ».



Loin des storytelling, le livre aborde les plateformes nommées GAFA, GAFAM, ou alors AFAMA (Apple, Facebook, Amazon, Microsoft et Alphabet ex-Google), le fonctionnement des algorithmes, le coté sombre du numérique, des enjeux pour la démocratie « celui de la régulation de l’innovation et celui de la capacité d’agir des citoyens- usagers », le fonctionnement d’internet, les mécanismes d’invisibilisation, la croyance en « en un processus automatique objectif, efficace, exact, à la fois intelligible et imperscrutable », les contenus monétisés, les données personnelles et les processus d’apprentissage automatisé, les dévotions aux entités abstraites et les pouvoirs réels de leurs propriétaires… Comme l’écrit à juste titre, Antonio A. Casilli : « Il n’y a pas d’algorithme, il n’y a que la décision de quelqu’un d’autre »…



Il ne faudrait pas que le terme algorithme laisse à penser que le livre traite de mathématiques. Ce n’est pas le cas. Je reprends la définition fournie par WikipediA : Un algorithme est une suite finie et non ambiguë d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème ou d’obtenir un résultat. Que comporte la suite est ici hors du propos. Reste : Qui décide de cette suite et donc des résultats qui s’afficheront ?



Le rôle de plus en plus important des plateformes et les facilités que chacun-e en retire mais « jamais les règles qui guident cette apparence facilité n’ont été aussi opaques ». Des algorithmes et une question guidant la réflexion de l’auteur, « elle revient à savoir qui contrôle ces algorithmes, comment impactent-ils notre vie, et surtout, comment parvenir à rendre public la partie de ces algorithmes qui relèvent d’un travail d’éditorialisation classique ». Car il n’y a rien relevant du hasard, il s’agit bien ici de décisions, « les règles algorithmiques procèdent, dans le choix et dans l’ordre d’affichage, d’un processus d’éditorialisation ».



Je ne vais pas détailler l’ensemble des analyses, des questions posées et des propositions de ce livre plein d’humour. Juste des éléments choisis subjectivement.



La lectrice et le lecteur découvriront, entre autres, des profilages, l’industrialisation de l’intime, la réduction des êtres humains à des documents, « L’homme est devenu « un document comme les autres » », le tout marchandisable, la topologie de l’espace informationnel, les cartographies des navigations, les nœuds du web, les écosystèmes de l’enfermement et les formes nouvelles de territorialisation, les promenades carcérales, les technologies « privatives » et le contrôle de quelques multinationales…



Olivier Ertzscheid souligne particulièrement certains éléments, la construction des marchés « sur les besoins et les comportements réels ou supposés que révèlent nos profils et derrière eux la traçabilité de nos moindres activités connectées », le changement de l’axe de rotation du web « les individus ont remplacés les documents », le cyberespace comme monde fermé et propriété privée loin « du réseau de réseau, non propriétaire, sans droit d’accès », la formulation de réponses à des questions non posées, les logiques de captation et de monétisation des données personnelles, le fantasme d’une calculabilité du monde et ses réalités concrètes, l’information « sur-mesure » individualisée, potentiellement – et en partie déjà existant – « externalisation de nos stratégies décisionnelles, émotionnelles, affectives »…



J’ai notamment apprécié les passages sur la loi et le code, la liberté et le choix, le secret et la vie privée, le calage des exigences et des routines algorithmiques sur le cadre de la concurrence libre et non faussée, la loi et l’ordre documentaire, les plateformes comme Etats, les régulations totalement opaques, les algorithmes décisionnels, la capacité d’agir et la légitimité d’action, la centralisation dans un résultat unique, la réduction des individu-e-s à quelques dimensions…



Les terroristes, les sexistes, les racistes, les homophobes, etc. sont des client-e-s comme les autres… mais la vue d’un sein nu est censurée. D’une façon comme d’une autre le pouvoir arbitraire du propriétaire, des espaces hors-la-loi, hors de la cité, hors du contrôle démocratique. Olivier Ertzscheid analyse la construction de différents niveaux de « vérité », les entraves et les expositions, l’enfermement algorithmique, les logiques d’uniformisation, la combinaison de libéralisme économique et de solutionnisme technologique, la force des guidages, les itérations dans les boucles algorithmiques et les doubles effets de feedback, les bulles de filtre, les « finalités des outils et des environnements algorithmiques »…



Facebook et le « like », le clic au lieu de l’écriture et « de la distance qu’elle seule permet, face à l’orchestration et l’hégémonie construite et palpable de nos clics pulsionnels », l’appréciation ou la dépréciation versus le lien, la réponse « +1 », l’instant imperceptible saisi, les boutons et l’indexation, ce que nous souhaitons laisser paraître aux autres, l’effet rétroaction et les modifications de comportement, les logiques de disparition, les interfaces et les dispositifs de « réalité augmentée », les protocoles de routines informatiques qui recommandent ou prescrivent, les interactions présentables pour le marché publicitaire dans la négation des contradictions ou des frictions, « les modèles algorithmiques détestent la friction et lui préfèrent une fluidification plus propice et plus efficace dans la mise en place de routines itératives », l’absence de pluralisme et les grilles de programme, ce qui montré et ce qui est caché au nom de la « déontologie », les effets régulateurs et le tour normatif des « conditions générales d’utilisation » ni vraiment définies ni discutables…



Olivier Ertzscheid parlent des tartuffes, donne des exemples des fonctionnements dignes des classiques de la science-fiction. Il aborde les mises en ordre de l’information (opacité, imprévisibilité exposition aux manipulations), les inventions mortifères de l’égalité et de la démocratie.



Il insiste sur la « viralité numérique », la violence induite par l’éditorialisation algorithmiques, la confusion entre plateformes privées et politiques publiques, les injonctions « politico-sociétale momentanée »…



Dans les exemples donnés, je souligne le traitement des « catastrophes », le mur qui efface les migrant-e-s, les images d’enfant, le rituel attentat… « cliquez ici ». Je souligne aussi les pages sur les racismes, les révisionnismes et les extrêmes-droites.



Question, réponse, « Est-il vraiment « naturel » de s’adresser à un algorithme en « langage naturel » ? ». L’auteur aborde les biais cognitifs, la complexité du langage, la production de l’ignorance, les régimes de vérité, les machines à produire de la popularité et la prime « à la tyrannie » des cliqueurs et cliqueuses, la critique du « prévoir et détecter », la confusion entre le réel et ce que nous connaissons, le fétichisme du fichier et des fiché-e-s, les perroquets convaincants, le monde de l’évidence, la mythologie calculatoire apprenante…



Olivier Ertzscheid propose d’« enseigner la publication », de fonder une « laïcité numérique permettant de séparer l’Etat de nos comportements sociaux de l’Eglise des données via ses différentes chapelles algorithmiques », la mise en place d’un index indépendant du web, de corpus d’analyse et de réflexion, d’ingénierie démocratique, de bien non-rival. Il souligne que « les enjeux d’une citoyenneté numérique sont dès aujourd’hui essentiels à penser et à mettre en œuvre en dehors de ces grandes plateformes ».



Certains points me semblent discutables. Je ne pose que deux débats.



En premier lieu sur les possibles « prédictions », qui ne sont au mieux que des approximations statistiques, le futur reste toujours ouvert, indéterminable dans ses singularités humaines mêmes. Aucun déterminisme ne permet de prédire « un » futur. Que pourrait signifier la réplicabilité dans les rapports sociaux et les relations interpersonnelles ?



En second lieu sur l’expropriation des plateformes, le refus de l’appropriation privée de la socialisation des données, l’injonction à la publicité des algorithmes et des choix politiques/éditoriaux effectués, bref au démantèlement des secrets industriels.



Nous répondrons pas, de manière convaincante, à l’utopie libertarienne – liberticide et inégalitaire – sans proposition reposant sur des socialisations plus efficaces, plus égalitaires et offrant à chacun-e plus de liberté.



En attendant, un livre plus qu’utile pour comprendre comment nos comportements sont accaparées contre nous, les réappropriations des possibles humains qui ne sont et ne seront pas algorithmiques.




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L'école sans école

Tout d'abord, je remercie Babelio, Mass Critique et C&F éditions pour l'envoi de ce livre.



En tant qu'enseignante, je me suis tournée vers cet ouvrage qui traite de l'école pendant le confinement et les conséquences de ce confinement.



Cet ouvrage comprend des témoignages et retours d'expériences de professionnels de l'éducation nationale. Il est divisé en trois parties.



Chaque témoignage est enrichissant. J'ai aimé découvrir les expériences de chacun. Mention spéciale pour les témoignages d'élèves qui furent particulièrement intéressants. J'aurais d'ailleurs aimé en avoir davantage.



Je recommande cet ouvrage.



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L'école sans école

Cet ouvrage permet de faire un bilan concernant l'école suite à la crise sanitaire. A travers des témoignages, des réflexions, des études de pratiques, on peut dessiner les contours des enjeux autour de l'école à l'heure actuelle.



Avant même le covid, l'école était déjà en profonde mutation avec des bouleversements liés aux réformes, à l'arrivée du numérique, la crise sanitaire aura mis en lumière des lignes de fracture et interrogé tous les acteurs de l'école sur ce qu'on y fait et comment on le fait.



Les différents chapitres permettent de faire le point sur plusieurs thématiques : l'isolement, le lien entre élèves et enseignants, la gestion des outils numériques, le cloisonnement disciplinaire...



Toutes ces contributions nous invitent à penser ou repenser l'école, à prendre un peu de recul sur la période que nous venons de vivre afin de réajuster nos pratiques et de redonner du sens à cette institution.



Très éclairant pour tous les professionnels de l'éducation !
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Le monde selon Zuckerberg

Il est parfois délicat de trouver des ouvrages qui permettent de mettre en avant ces problématiques tout en les rendant claires et de nombreux articles sont souvent rébarbatifs et complexes pour les non-initiés. J’ai donc particulièrement apprécié ce court ouvrage qui revient sur les géants du web, ce qu’ils permettent mais également le pouvoir qu’ils possèdent sur tout un chacun, puisque de nombreux pans de nos vies transitent à présent par les technologies numériques.



Par de courts chapitres, Olivier Ertzscheid aborde de nombreuses problématiques de manières claires et documentées, permettant à ceux qui s’y intéressent de pouvoir ensuite rebondir sur les sources données et en savoir ainsi plus. Trente ans de web, quinze ans de Facebook, ce n’est finalement pas si loin mais Le monde selon Zuckerberg permet de dérouler les changements survenus durant ces quelques années. Et ils sont énormes. En tant que changement sociaux, technologiques et démocratiques.



Un ouvrage qui permet de poser un regard différent sur les technologies et les possibilités qu’elles ouvrent, pour peu qu’on se rende également compte de qui détient les pouvoirs et de la manière de changer ce rapport de force.
Lien : https://tempsdemots.wordpres..
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Le monde selon Zuckerberg

Excellent essai qui a le mérite de faire un bilan assez complet des enjeux et dérives liés aux GAFAM.



Le propos est clair, juste et très bien construit autour de portraits des grands noms qui ont fait le numérique d'aujourd'hui : Mark Zuckerberg, Larry Page, Tim Berners-Lee.



L'auteur aborde ensuite les grands enjeux posées par l'invasion des grandes plateformes dans notre monde numérique : vie privée, accès à l'information, navigation, réseaux sociaux, infox, innovation, démocratie, éducation.



J'apprécie tout particulièrement la contextualisation des problèmes dans une approche très globale qui souligne à quel point ces questions infusent toute la société.



Les thèmes abordés nous poussent aussi à interroger nos pratiques numériques quotidiennes, nos outils afin de nous alerter sur le rôle que nous pouvons avoir chacun de notre côté pour éviter de subir toujours plus un numérique presque entièrement dédié au profit des GAFAM.



C'est une lecture essentielle et pour moi, cet ouvrage est un des meilleurs que j'ai eu l'occasion de lire sur le sujet.
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L'appétit des géants

Dans L'appétit des géants chez C&F éditions, Olivier Ertzscheid décortique la face cachée de nos usages, c'est à dire les stratégies éditoriales des plateformes par algorithmes interposés.

Selon lui, avec les réseaux sociaux nous sommes passés d'une indexation de pages Web à l'indexation des internautes, ce qui n'est pas sans poser de problèmes au niveau du contrôle démocratique de ce référencement.

Les risques encourus seraient alors de laisser la gestion éditoriale du savoir et des connaissances à des entités privées, bien plus soucieuses de contenter les annonceurs publicitaires que de constituer un bien commun (dans l'esprit des fondateurs d'internet).

Et ceci, d'autant plus que Google, Facebook et consort avancent toujours plus vers la personnalisation extrême de l'expérience de navigation.

En bout de course ce serait donc d'universalisme dont il serait question...

Un livre dense, parfois complexe, mais cependant fort bien documenté et qui conserve le sens de la formule inimitable que l'on connaît à l'auteur du blog : https://www.affordance.info/
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