Des chiffres ! Des chiffres, voilà ce qui manque à cet ouvrage.
Etre humain en système capitaliste est un ouvrage collectif qui pose la question suivante : quels sont les méfaits du capitalisme, ou plus exactement de la doctrine libérale, sur la psychologie des êtres humains ?
Comme précisé sur la 4ème de couverture, "ce livre entend donc répondre à une carence de la sociologie critique". Alléché par cette proposition, j'ai acquis cet ouvrage, bien que ne connaissant aucunement les auteurs. Ceux-ci, au nombre de 5, se révèlent être psychologue, sociologue, formateur, philosophe, syndicaliste... Il y a donc une volonté intéressante de transcender les frontière épistémologique.
Bien que je sois complètement d'accord avec les opinions défendues par les auteurs (critique du consumérisme, de l'individualisme forcené, méfiance envers l'idéologie "totalitaire" du capitalisme, etc.), j'ai été un poil déçu par l'absence totale de chiffres, notamment en matière de sociologie et de psychologie.
Aucun propos des auteurs n'est soutenu par des statistiques ou données chiffrées palpables. Certes les chiffres ne font pas tout. Mais ici, on a l'impression que les auteurs ne font que donner leur opinion, en les défendant abstraitement. Pour un ouvrage qui prétend "répondre à une carence de la sociologie critique", c'est bien dommage !
Reste l'analyse de Samuel Chaineau, enseignant en philosophie, qui ne manque pas d'intérêt et constitue, pour moi, le meilleur chapitre de l'ouvrage. Samuel Chaineau attire notre attention sur le fait que l'idéologie libérale se base sur des présupposés anthropologiques contradictoires et qui ont des répercussions très négatives sur la condition humaine dans la société. Cette démarche s'appuie sur une bonne connaissance de l'histoire de l'anthropologie depuis le XVIIème siècle jusqu'à nos jours.
Un ouvrage à lire donc, pour peu qu'on adhère aux idées des auteurs, mais qui n'atteint pas, il me semble, son but affiché.
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Je suis étonné que ce livre, de grande qualité, publié en 2012, n’ait pas encore fait l’objet d’une critique sur le site de Babelio. Il est pourtant susceptible d’intéresser tous ceux qui ne s’avouent pas vaincus par l’ordo-libéralisme mâtiné d’obsession sécuritaire (que dire de cette dernière, portée par les législations post-attentats) et la pharmaco-biologisation des émotions et traits de caractère.
Si vous êtes révoltés par la dérive sécuritaire de la société, la marchandisation du monde et de la médecine, révulsés par la gestion managériale des gens au nom du seul profit et effaré par les ravages du fric sans conscience, vous devez lire l’essai d’Olivier Labouret, intitulé «Le nouvel ordre psychiatrique.
Olivier Labouret n’est pas un joyeux farfelu (ce qui n’est d’ailleurs pas péjoratif, mais je situe l’auteur…) mais un psychiatre qui réfléchit un peu plus loin que le bout de son nez, du DSM V et de son club de golf (c’est cliché, mais bon…).
Loin de l’antipsychiatrie de nos aïeux (de ses excès plutôt), après avoir dézingué le dressage comportemental, l’industrie pharmaceutique qui veut transformer toutes vos émotions en pathologies à traiter avec des molécules chimiques,il prône une alter-psychiatrie et une autre conception de la société marchande, marquée par le flicage informatique et sa sale manie de ficher les gens et les soignants, préoccupée par le narcissisme rézosocial, le seul rendement des aptes à travailler et à consommer bêtement ce que le marketing et l’idéologie consumériste leur suggère.
Je n’aime pas trop les comptes rendus de livres mais il vaut la peine d’être lu si on veut bien y consacrer une dizaines d’heures (c’est très bon pour faire fonctionner ses méninges et son esprit critique) . Ce livre, que j’ai trop rapidement résumé est dense, bien écrit, manque toutefois un peu d’humour mais nul n’est parfait...
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