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Citation de enkidu_


Convaincu qu’il s'agit d'une loi universelle, Moll étudie alors les conquêtes passées, celles de l'Amérique notamment, en y observant les effets tangibles de cette guerre implacable qui a vu les peuples d’Europe l’emporter sur des peuples plus faibles qu’ils ont parfois anéantis pour fonder leurs colonies. Selon lui, « la terre tout entière appartient de droit » à la civilisation incarnée par les Blancs, qui transforment et soumettent, par leur travail, leur énergie et leur persévérance, la nature animée et inanimée quelle porte. S'emparer de vastes territoires pour les arracher aux populations arriérées qui les occupent sans les exploiter est donc parfaitement légitime, même si cela passe par l’expulsion, voire l’anéantissement de ces dernières. Quant à leur résistance, elle est la preuve de leur incapacité à s'adapter aux conditions des sociétés modernes et, in fine, à se civi­liser.
(...)
Ces raisonnements valent également pour les « Arabes ». Présents en Afrique depuis «douze cents ans», ils n'ont « rien su créer », soutient Moll ; pis encore, ils ont ruiné les contrées qu'ils ont enva­hies. Inférieurs et dangereux, les « indigènes » d'Algérie doivent donc être traités comme les Indiens d’Amérique avant eux ; ce n’est pas là perpétrer un grand crime, mais servir l'humanité en la débarrassant des races qui ralentissent la marche des peuples supérieurs partis à la conquête du monde pour le civiliser. Plus précisément, agir de la sorte, c'est se soumettre avec réalisme à une loi d’airain dont les conséquences immédiates ne sont néfastes qu'en apparence puis­ qu'elles produisent des résultats positifs. Au terme de ces luttes, qui opèrent une saine sélection parmi les races humaines, seules subsis­tent les plus fortes et les plus créatrices, comme l’histoire en apporte les preuves selon Moll. À l'instar de beaucoup d'hommes de son temps, il sait que la colonisation et l'extermination marchent souvent de concert, et ce savoir, loin de l'inciter à renoncer à faire de l'Algérie une colonie de peuplement, l'encourage au contraire car, en se comportant ainsi, les Français participent à un vaste mouve­ ment synonyme de progrès. Quant aux expulsions, aux déportations et aux massacres, ils se banalisent en s'autorisant du précédent américain puisqu'ils ne sont que la réitération, imposée par les circonstances et les buts que poursuit la France, de ce qui a déjà eu lieu outre-Atlantique notamment. (pp. 115-116)
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