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Citation de enzo92320


Le maître de l’art de la disputatio

La disputatio dans sa forme moderne héritée du Moyen-Âge n’est pas la volonté permanente d’exprimer son indignation. Il s’agit de parvenir à trouver l’équilibre entre les différents arguments et de pouvoir faciliter l’expression d’un choix ou d’une décision avec une intégration de nouveaux arguments contradictoires. C’est avant tout l’art de pouvoir changer d’avis ou de préciser son opinion plutôt que de vouloir à tout prix convaincre l’autre. Dans une moindre mesure, c’est aussi la capacité à comprendre ce qu’exprime l’autre sans nécessairement le juger.
[…]
Bien souvent, il y a une concomitance entre la volonté d’exercer une critique et une opposition que l’on juge légitimes et une stratégie qui consiste à se placer sur le devant des scènes médiatiques.

Dès lors, le but n’est pas la mesure des arguments et la tentative de comprendre les faits, mais plutôt la récupération d’éléments informationnels épars pour tenter de produire un discours simple et percutant sans réel fondement. Du coup, les espaces médiatiques et des réseaux sociaux marquent bien souvent la fin de la disputatio au point d’ailleurs que de nombreux universitaires eux-mêmes préfèrent s’adonner à ce genre de stratégies et qu’il est difficile de résister à l’envie de répondre à son tour au point d’entrer dans une discussion de mauvaise foi qui est sans fin.
[…]
La maîtrise de la disputatio repose justement sur le dépassement de ces logiques sous peine d’en arriver à un épuisement face à l’indignation permanente qui aboutit à une acédie ou absence de désir qui est tout autant celle du rejet que du retrait tant il devient impossible de réellement débattre ou converser, sans se retrouver dans l’incessante polémique.
[…]
Retrouver l’art de la disputatio permet de revaloriser le poids des arguments et de le situer par rapport à celui qui l’exprime. C’est aussi l’acceptation d’emblée d’avoir tort, en totalité ou partiellement, et de revoir par conséquent son argumentation à la suite. C’est l’inverse de la logique du supporter de football dont le principe est de soutenir coûte que coûte son équipe notamment dans les moments difficiles (ce qui est tout à son honneur), car il s’agit de ne pas se montrer inflexible dans ses positions, mais de parvenir à débattre sereinement. Quelques pistes ont été évoquées, notamment le fait de pouvoir annoter et sémantiser les tweets comme avec le dispositif polemictweets de l’IRI. La logique serait de pouvoir conserver la trame de la disputatio pour y revenir ultérieurement en tant qu’objet d’études. Ce qui est pratiqué, c’est davantage la vérification des dires ultérieurs pour porter le discrédit sur celui qui s’est exprimé. Une logique qui enverrait au bûcher la plupart d’entre nous…

Or, la maîtrise du temps des discours implique un meilleur respect du contexte dans l’analyse documentaire.

[66] Cela signifie que les études de tweets sur certains sujets ou controverses sont des éléments opportuns notamment d’un point de vue scientifique. On ne peut que déplorer que certains acteurs investis sur les réseaux et affichant une tendance politique assumée se plaignent qu’on puisse produire de telles études alors que ces données sont de toute manière utilisées par les stratégies marketing et par les services de renseignement.
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