Il s'agit d'un roman épistolaire a une seule voix. En effet, tout au long des 111 pages composant cet ouvrage, le lecteur découvre la "prose" du narrateur.
On devine à mots couverts, une mystérieuse correspondante, mais, ledit chroniqueur s'adresse plutôt à Venise qu'il découvre en plein hiver, sans vraiment attendre de réponses de sa part.
Celui-ci présente surtout sa propre vision de la Cité des Doges tout en se l'appropriant afin de mieux la dominer. Par moment, on a l'impression que le narrateur, sous couvert de son créateur - Olivier Perrelet - s'adresse à une femme, considérant ainsi Venise comme une femme.
Même si Bautta de Brume se laisse lire. En fait, c'est plus la curiosité qui m'a poussé à la finir tant il m'a semblé étrange. Peut-être par le fait que j'ai trouvé le narrateur, par certain côté, déplaisant, dominateur. A moins que ce trait de caractère de ce dernier soit voulu par olivier Perrelet lui-même.
Commenter  J’apprécie         50
André Pierre de Mandiargues le comparait (à la sortie de ce livre, en 1967) au jeune Gide ainsi qu'à Marcel Schwob - rien que ça. On peut rajouter que Perrelet avait quelque chose des romantiques allemands, qu'il croyait comme eux en l’absolu littéraire, à la nature ; il était la version genevoise d'Unica Zürn peut-être, mais aussi de Shelley, en plus cruel (ça c'est aussi Mandiargues qui le dit). Aujourd'hui, on pourrait le comparer à Claude Louis-Combet, malheureusement méconnu, mais dont les magnifiques écrits érotiques hantent les tables du Rameau d'Or en permanence. Avec ces courts textes, Olivier Perrelet chante Les petites filles criminelles, la découverte du corps, l'obsession de la nature, des arbres, du vent, du soleil, de la mer (ou de ce "vieil océan, aux vagues de cristal" des Chants de Maldoror) ; il décrit sobrement et si justement la solitude et la révolte qu'elle engendre. Il y a de la pureté dans ces écrits, et beaucoup de déchirement. Un trésor caché.
Commenter  J’apprécie         30